Publié le Mercredi 24 février 2016 à 14h51.

Nous garderons Notre-Dame-des-Landes !

Samedi 27 février, une gigantesque manifestation nationale va se tenir « précisément là où les travaux sont censés commencer, pour y faire la démonstration concrète de notre capacité à les bloquer »...

Loin d’être une simple protestation, c’est la démonstration de notre détermination à empêcher les expulsions et les travaux, à bloquer le projet, à défendre la ZAD et l’autre monde possible qu’elle incarne.

Mensonges

Son entêtement à imposer ce projet est un puissant révélateur de la politique de ce gouvernement. Il dément totalement l’exemplarité proclamée de la France au moment de la COP21. Augmentation du trafic aérien, bétonnage des terres agricoles, sacrifice des zones humides, disparition des fermes : chacun de ces éléments est à lui seul un facteur aggravant du dérèglement climatique, et ce projet les cumule tous !

Des révélations récentes font voler en éclat les différentes justifications du projet. Le nouvel aéroport était soi-disant indispensable parce que la nécessaire protection de la zone Natura 2000 en bout de piste de l’aéroport existant en interdisait l’allongement. En réalité, Valls a dissimulé délibérément la note de la DREAL mettant en évidence le faible impact environnemental de l’actuel aéroport de Nantes-Atlantique. De même, la méthode de calcul sur les avantages économiques d’un nouvel aérogare à Notre-Dame-des-Landes est faussée. Et pour couronner le tout, le nouvel aéroport serait plus petit que l’ancien... supposé saturé ! Et le patron de Vinci lui-même crache le morceau : le transfert n’est « pas une réponse à des problèmes aéronautiques, mais un choix politique de développement du territoire ». Ces éléments successifs dévoilent peu à peu le mensonge et la mauvaise foi d’État et donnent raison aux opposantEs.

Répression

Faute d’arguments raisonnables, prouvés et vérifiables pour convaincre, le gouvernement dispose des moyens de répressiondont il use et abuse pour criminaliser le mouvement de résistance. Depuis l’opération César pour déloger les occupantEs par la force en 2012, la répression n’a pas cessé : répression féroce de la manifestation du 22 février 2014, assignations à résidence durant la COP21...

Et depuis trois semaines, trois carnavaliers anti-aéroport sont incarcérés (deux pour deux mois, un autre pour sept mois) pour avoir clamer trop fort leur revendication contre l’aéroport et son monde lors de la manifestation carnaval du 6 février à Rennes. Les raisons de ces incarcérations sont politiques, le procureur affirmant lui-même lors du procès qu’il fallait faire des « exemples ». Une fois de plus, la justice a été à la botte du pouvoir. La solidarité avec les incarcérés avec des concerts de soutien pour payer les frais d’avocats et les « cantines » des détenus vient démontrer que la tentative de division est un échec.

Référendum

Moyen de renoncer au projet sans perdre la face ou instrument pour « légitimer le projet et pouvoir évacuer la ZAD » ? Sans doute les deux options cohabitent-elles. Les désaccords sur le périmètre entre Royal et Ayrault illustrent les dissensions au sein même du gouvernement. Cette annonce prouve au moins qu’il est possible d’abandonner le projet puisque Hollande dit que « Si c’est non, le gouvernement en tirera les conséquences. »

Mais une chose est certaine : ceux qui ont falsifié des études, méprisent l’environnement et les populations, monopolisent tous les pouvoirs de financement, de communication, ceux-là n’ont aucune légitimité pour imposer une telle consultation ! Ce paravent démocratique ne correspond, ni dans la forme ni sur le fond, aux attentes du mouvement qui exige la fin du projet sans condition.

Gagner

Nous avons besoin d’une victoire. Elle est possible à Notre-Dame-des-Landes parce que les opposantEs au projet d’aéroport ne se laissent ni détourner par les manœuvres du gouvernement, ni diviser par la criminalisation, ni intimider par les menaces et la répression.

Leurs résistances sont très populaires et soutenues en France et dans le monde, comme en témoigne l’appel d’une quarantaine de personnalités dont Naomi Klein, Jean Jouzel, Virginie Despentes, Erri de Luca, Giorgio Agamben, John Holloway... Et leurs alternatives sont un démenti cinglant à tous les tenants du capitalisme, de la concurrence et du productivisme comme seul horizon.

Christine Poupin