Le 15 août 2010, des militant-e-s anti-OGM ont entièrement détruit une parcelle de 70 pieds de vignes plantés dans le cadre d'une expérimentation en plein air de l'INRA à Colmar. Il s'agissait pour l'INRA de tester la résistance de porte-greffes de vignes génétiquement modifiés à une maladie virale de la vigne, le court-noué, maladie inconnue en Alsace, mais que les vignerons des régions impactées gèrent depuis longtemps, grâce notamment à des techniques agronomiques
Leur procès vient de s'achever à Colmar. Au cours de ces trois jours d'audience les 60 prévenu-e-s, qui ont tous et toutes reconnu et assumé leur geste, ont cherché à démontrer la dangerosité inutile de cet essai dans un champ très mal confiné et fait valoir leur droit à la désobéissance civile...des responsables et chercheurs de l'INRA ont réaffirmé que la science était digne de confiance, transparente et éthique et que les faucheurs avait tué dans l'œuf des découvertes majeures pour le développement des OGM... des viticulteurs et des scientifiques, y compris chercheurs ou anciens chercheurs de l'INRA ont fustigé les choix de ce dernier en matière de recherche publique et dénoncé les dégâts que causeraient les OGM sur le vin et sur la viticulture française si des organismes transgéniques étaient cultivés sur les terroirs AOC. Les débats ont bien vite débordé la question de ce fauchage du 15 août pour porter plus globalement sur l'orientation de l'INRA, encouragé par l'état à favoriser des modes de production artificiels, intensifs et industriels au détriment du développement de l'agroécologie.
Des peines relativement légères de trois mois de prison avec sursis ont été requises contre l'ensemble des faucheurs et faucheuses, ainsi que 20 jours-amende à 100 euros contre six des prévenu-es, récidivistes condamnés précédemment pour des faits similaires. Le procureur a rejeté toute idée d' «état de nécessité» invoqué par les inculpé-e-s auxquels il reproche d'avoir essayé «d' imposer leurs opinions par la force». Ces militant-e-s encouraient jusqu'à trois ans de prison et 150.000 euros d'amende.
De son côté, la défense a plaidé la relaxe générale, dénonçant "une expérience dangereuse à la légalité douteuse". L'INRA, qui s'est portée partie civile, a demandé 550.000 euros de dédommagement, plus un euro pour le préjudice moral. Les 60 militants et militantes, ainsi que tous les camarades qui se sont mobilisés autour du tribunal pendant ces trois jours, ont tenté d' utiliser ce procès pour remettre sur la place publique le débat sur les OGM, sans que cela suscite de larges échos au delà des cercles militants concernés. Nous sommes pourtant face à une offensive majeure de l'industrie semencière qui cherche à imposer, par la voie de la recherche et des pouvoirs publics, de nouvelles techniques de mutation des gènes, des OGM cachés dont près de 80% de la population ne veut pas dans son assiette ou dans son verre.
Le jugement a été mis en délibéré au 14 octobre.
Catherine Fd'A