L’information a commencé à circuler début octobre, après que les réseaux de balises européens ont détecté une radioactivité anormale de l’air. Depuis, l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et le gouvernement Macron couvrent les mensonges des dirigeants russes sur les conséquences de l’incident en Russie et en Europe.
Le 9 novembre, l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) suspectait un accident nucléaire survenu fin septembre 2017 « entre la Volga et l’Oural » (vraisemblablement le site militaro-industriel de Mayak), en précisant : « la quantité de ruthénium 106 rejetée estimée par les simulations de l’IRSN est très importante, comprise entre 100 et 300 térabecquerels ».
« Une contamination durable »
Selon la CRIIRAD (labo indépendant), c’est un chiffre « 375 000 fois supérieur au rejet annuel maximal autorisé de la centrale nucléaire de Cruas. Le ruthénium 106 (…), une fois retombé au sol et sur le couvert végétal, va induire une contamination durable ». Pour l’IRSN « du fait des quantités rejetées, les conséquences d’un accident de cette ampleur en France auraient nécessité localement de mettre en œuvre des mesures de protection des populations sur un rayon de l’ordre de quelques kilomètres autour du lieu de rejet. Pour ce qui concerne les denrées alimentaires, le dépassement des niveaux maximaux admissibles (…) serait quant à lui observé sur des distances de l’ordre de quelques dizaines de kilomètres. »
Les autorités russes ont nié durant deux mois, avant d’admettre l’accident le 20 novembre. Mais, bizarrement, leurs mesures de contamination sont 300 fois plus faibles que les simulations de l’IRSN. Les organismes officiels européens se sont contentés de rassurer sur « l’absence de conséquences sanitaires sur le territoire européen », passant sous silence la situation en Russie.
Mensonges et complicités
Depuis, l’OMS se tait et l’AIEA laisse violer ses propres conventions de « notification rapide d’un accident nucléaire » et « d’assistance en cas d’accident nucléaire ou de situation d’urgence radiologique ». Silence aussi de l’IRSN et de ses ministres de tutelle Nicolas Hulot et Agnès Buzyn. Étonnant pour celle qui a présidé pendant 5 ans le conseil d’administration de l’IRSN puis l’Institut national du cancer ! Pire, d’ici janvier 2018, l’un et l’autre passeront par décret le niveau d’exposition admissible de 1 millisievert (mSv)/an à 20 mSv/an et à 100 mSv/an après un accident nucléaire : moins de populations déplacées, moins d’indemnités de l’État.
L’AIEA, l’OMS et le gouvernement Macron couvrent les mensonges des dirigeants russes sur les conséquences de l’incident en Russie et en Europe. Un « Yalta nucléaire », pour ne pas mettre en péril les intérêts des conglomérats de l’atome : poursuite des programmes électronucléaires et de la force de frappe. 60 ans après la catastrophe de Mayak, gardée secrète pendant 20 ans (29 septembre 1957, 200 mortEs, 470 000 personnes exposées), et 30 ans après Tchernobyl (nuage radioactif « stoppé aux frontières »), c’est toujours l’omerta. Face à ce mépris de la vie, la seule réponse sérieuse c’est l’arrêt du nucléaire, civil et militaire. Et dans l’immédiat la transparence totale, avec des mesures de protection des populations exposées.
Commission nationale écologie