Face à la crise, la seule stratégie des classes dominantes consiste à faire payer les classes populaires pour sauver le taux de profit des capitalistes. La mesure de la crise est l’explosion du chômage au cœur du système économique. Dans les pays de l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), le chômage touche maintenant 46,5 millions de personnes, soit 50 % de plus qu’en 2007, et il ne cesse de croître. Cela affecte par ricochet la demande pour les produits du commerce et de l’industrie et cela fait baisser les rentrées des États : la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) et les impôts sur le revenu. Enfin, la baisse de la demande alimente une nouvelle vague de faillites, de chômage, de déficits publics. Au Royaume-Uni, une fuite du ministère des Finances révèle que le gouvernement s’attend, du fait du budget de crise dévoilé le 22 juin, à une perte de 600 000 emplois dans le secteur public et de 700 000 dans le privé jusqu’en 2015. Le capitalisme européen va s’enfoncer dans la dépression en cherchant la solution introuvable entre l’austérité qui déprime la demande et la relance qui fait exploser la dette des États.Robert Samuelson écrit dans Newsweek que les sciences économiques ont peut-être atteint leurs limites et Elie Cohen, conseiller économique de Sarkozy avoue dans son livre Penser la crise : « Comment penser la crise, comment rendre compte de la crise et de la défaillance des outils qui auraient dû permettre d’en produire le sens ? Comment rendre compte de la triple défaillance des marchés, des régulations et des théories économiques ? » Pour penser la crise, la seule et l’unique voie est de percer l’apparence des choses pour mettre à nu le fonctionnement réel du capitalisme découvert par Karl Marx. Le seul but de ce système est d’accroître la plus-value pour obtenir le profit maximum. Le taux de profit est le rapport entre la plus-value obtenue par le travail non payé et le capital employé composé des salaires, des matières premières et des machines. Le FMI vient de réviser sa prévision de croissance en Europe à 1 % en 2010. Lorsque l’économie stagne, la plus sûre méthode pour faire rebondir le taux de profit est de licencier. Partant d’un taux de profit de 10 % avec 10 de plus-value, 80 de salaires et 20 de capital constant, si on licencie 20 % des salariés, le taux de profit passe de 10 % à 11,9 %. Soit une augmentation de 19 % du taux de profit ! C’est ce qui se passe en 2010, les profits rebondissent grâce aux licenciements.Et la finance ? Il est grand temps de tuer Le mythe de la dictature de la finance qui serait la cause de tous les maux.Le profit financier obtenu en transformant de l’argent A en plus d’argent A-A’ est en réalité obtenu en prêtant cet argent à un capitaliste industriel ou commercial qui, lui, va créer la plus-value A-M-A’. Le cycle réel et non apparent du capital financier est donc A-A-M-A’-A’. On comprend grâce à Marx que le profit qui revient au banquier n’est qu’une fraction de la plus-value extraite des travailleurs. La finance en système capitaliste est donc toujours dépendante pour sa rentabilité de la valeur créée par le capital industriel ou commercial et non l’inverse. Les banques sont fragilisées car le capital des banques est largement composé d’obligation d’États. Les plans de relance aux États-Unis, en Europe et en Chine ont permis de calmer la panique en 2009, mais ils ont créé le risque bien réel de se retrouver tôt ou tard avec une crise généralisée de la dette. Malgré le plan d’austérité grec, le risque de défaut sur la dette grecque vient de dépasser les 50 %. La réaction initiale à la crise a été de faire couler l’argent à flots afin d’abaisser les taux d’intérêts en creusant les déficits budgétaires.Maintenant que les premiers sont au plancher et les seconds colossaux, la seule variable d’ajustement pour les États et les capitalistes est de faire payer le prix fort aux classes populaires par des licenciements, la baisse des salaires et des retraites et la hausse des impôts. C’est l’affrontement social, le « septembre noir » que Claude Guéant a annoncé au Financial Times. Face à la peur, notre tâche politique est d’expliquer, expliquer sans relâche la véritable nature de la crise. Seule une critique marxiste du capitalisme permet de placer la défense des intérêts des classes populaires dans la perspective du socialisme. Frédéric Gudéa