En 2009, au lendemain de la crise des subprimes, Sarkozy martelait sur tous les tons que « les paradis fiscaux, c’est terminé ». Le candidat Hollande avait, à son tour, promis que, lui président, la lutte contre la fraude et l’évasion fiscale seraient une priorité. Résultat ? Les paradis fiscaux se portent toujours à merveille. Le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ), regroupant 96 médias de 67 pays, a commencé à dévoiler le 5 novembre, 18 mois après les « Panama Papers », les « Paradise Papers », qui lèvent le voile sur des circuits planétaires d’optimisation fiscale. Ce sont ainsi près de 350 milliards d’euros qui seraient, selon le Monde, soustraits chaque année à la fiscalité des États (120 milliards par an pour l’Union européenne, dont environ 20 milliards pour la France).
À l’appui de ces révélations, 13,5 millions de documents financiers, provenant notamment d’un cabinet international d’avocats, Appleby. Ces documents nous ouvrent les portes d’un monde complexe, discret voire invisible, celui des circuits des sociétés offshore permettant de minimiser les bénéfices des plus grandes multinationales et des plus riches pour leur permettre de payer le moins d’impôts possible.
Ces nouvelles révélations démontrent que les paradis fiscaux ne sont pas une anomalie mais bel et bien un rouage essentiel du système.
Les stratagèmes fiscaux qui permettent aux ultra-riches et aux multinationales d’échapper à l’impôt sont inacceptables. Outre le fait qu’ils aggravent les déficits publics, ils servent également de prétexte pour détruire les services publics et la protection sociale, et renforcent l’injustice fiscale.
Face à ce scandale, Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, a promis d’agir même si l’affaire des Paradise Papers montre la passivité des États face aux plus grands « gangsters ». Au-delà des paroles, Macron et son gouvernement, au lieu de supprimer l’impôt sur la fortune et de baisser l’impôt sur les sociétés, devraient lutter efficacement pour rapatrier l’argent des plus riches et poursuivre les véritables responsables du manque d’argent public, autrement dit les banques et les multinationales.
Joséphine Simplon