Publié le Mercredi 17 mai 2017 à 10h21.

Le capital et son éthique…

Une étude récente du cabinet de conseil international PricewaterhouseCoopers (PwC) porte sur les circonstances des départs forcés (ne résultant pas d’une décision du dirigeant concerné) des dirigeants des 2 500 plus grandes entreprises cotées en bourse à travers le monde.

De 2007 à 2011, les départs forcés liés à des problèmes éthiques (fraude, corruption, harcèlement sexuel, moral, maquillage des comptes) ont représenté 3,9 % du total. Sur la période 2012-2016, ce chiffre est passé à 5,3 %, soit une hausse de plus d’un tiers. « D’un point de vue éthique, les dirigeants ne se comportent pas plus mal qu’auparavant. C’est juste que la barre est désormais placée plus haut », constate un observateur spécialisé cité par les Échos. Admettons... Dans cette évolution du nombre de cas, intervient le développement de tous les instruments numériques qui permettent de relayer facilement sur les réseaux sociaux les agissements susceptibles de faire scandale. Et les grandes firmes n’aiment pas les scandales...

Nous ne pleurerons pas sur les cas de dirigeants virés pour avoir fait des affaires avec des criminels : le directeur général du cimentier LafargeHolcim dont la cimenterie en Syrie est soupçonnée d’avoir financé des groupes liés à Daech ; le PDG de la banque américaine Wells Fargo, visé par un scandale pour des comptes fictifs ; les dirigeants de firmes automobiles qui ont dû partir après la révélation de fraudes sur les moteurs... Mais n’est-ce pas l’arbre qui cache la forêt ?

C’est en permanence – et avec l’accord de leur conseil d’administration – que les dirigeants des grandes entreprises ont des comportements qui seraient jugés délictueux dans un monde normal, au détriment des salariéEs, de l’environnement et des populations en général. Et que dire de PwC lui-même ? En 2015, suite à des révélations sur ses manigances au Luxembourg, une commission parlementaire britannique a mené une enquête et accusé PwC d’avoir mis en place « rien de moins que la promotion de l’évasion fiscale à échelle industrielle » ! Aucun dirigeant de PwC n’a été écarté, mais c’est le lanceur d’alerte Antoine Deltour qui a été traîné devant la justice !