D’après « un baromètre de l’attractivité » récemment publié par une société spécialisée dans le conseil aux grandes entreprises, la France était devenue en 2019 la première destination en Europe pour les investissements étrangers devant la Grande-Bretagne et l’Allemagne. Il y aurait eu l’an passé 1 197 projets d’implantation étrangère.
On aurait pu croire qu’un tel résultat allait susciter des discours de satisfaction du côté des auteurs de cette étude qui se situent clairement du côté des patrons. En fait, pas du tout ! Le danger rôde. Non pas le virus ou la crise de l’hôpital, mais le risque d’une augmentation des impôts : « Certains États pourraient être tentés de répondre à cette crise en augmentant les prélèvements sur les entreprises, à mener une politique moins "business friendly". Et c’est cela qu’il va falloir éviter dans les prochaines années ». On aura compris que ce que craignent ces gens-là, ce n’est pas une hausse de la CSG ou de la TVA mais une hausse des impôts sur les grandes entreprises et les hauts revenus.
Le maître-mot de la période qui vient, ce sera donc « business friendly », en quelque sorte ami, copain du business.
Le super-copain du business, c’est bien sûr Macron. Il a eu une idée lumineuse : il a créé une commission d’experts économiques chargée de « présenter des recommandations pour rendre les politiques économiques plus efficaces ». Deux néolibéraux de choc, le « Prix Nobel » d’économie 2014 Jean Tirole et Olivier Blanchard, chef économiste du Fonds monétaire international (FMI) de 2008 à 2015, en seront les rapporteurs. La plupart des membres sont à l’avenant et ceux qui sont un peu moins dans la ligne (comme l’américain Paul Krugman) serviront de caution. Les « mal pensants » ont été écartés, même s’ils n’ont rien à voir avec des marxistes ; ainsi, trois des économistes français les plus connus à l’échelle internationale brillent par leur absence : Thomas Piketty, Esther Duflo et Gabriel Zucman.
Tous les trois militent pour un rétablissement de l’impôt sur la fortune ! Alors que Le Maire et Darmanin, les deux ministres respectivement de l’Économie et du Budget, n’arrêtent pas de clamer qu’il ne faut pas rétablir l’ISF et, au contraire, déversent des milliards vers le patronat sans contrepartie.
Avec des conseillers comme ça, le « monde d’après » sera bien « business friendly ». Ceux qui croient que la profondeur de la crise fera changer de logiciel ceux qui nous gouvernent se trompent de film. Le monde ne changera pas de base sauf si on pousse, fort et nombreux, en ce sens.