Publié le Jeudi 17 février 2022 à 18h00.

Blanquer et le problème des maths

« L’inquiétant recul des mathématiques au lycée » : c’est le titre d’un article du Monde daté du 4 février, qui relève que « seuls 59 % des lycéens de terminale étudient encore les mathématiques, contre 90 % avant la réforme du lycée.[…] Ce recul est plus prononcé chez les filles. » Comment comprendre ce phénomène ?

 

Les mathématiques sont une bête noire pour la majorité d’entre nous. Nous en gardons de mauvais souvenirs ou parfois des souvenirs de magie à laquelle nous ne comprenions pas grand-chose…

Un outil de sélection

Mais le problème que nous posaient les maths est qu’au-delà du scolaire, elle est une discipline de sélection : les « bons en maths » font ce qu’ils veulent à l’école et les autres sont globalement orientés par défaut. Et c’est là que le bât blesse : l’école capitaliste a besoin de sélection scolaire et de méritocratie pour justifier politiquement la reproduction des classes sociales. Si, avant 1960, c’était le latin et le grec qui faisaient la balance, ce sont aujourd’hui les maths qui se chargent du sale travail.

La politique de Blanquer dans l’éducation est de casser la pseudo-démocratisation de l’école, pour la faire correspondre aux besoins actuels du patronat : un petit nombre de salariéEs sur-qualifiés et une masse de travailleurEs ubérisés. C’est précisément ce que fait la réforme du lycée et du baccalauréat. Dans cette optique, il est logique de réserver l’enseignement des mathématiques à un petit nombre, ceux qui visent les filières d’élite.

Blanquer déteste tout le monde… et surtout les filles

Avec ces modifications profondes de l’école, la représentation sociale et de genre a joué à plein. Les jeunes qui prennent l’enseignement de spécialité mathématiques sont majoritairement des garçons, issus des classes favorisées. Alors que, depuis 10 ans au moins, 56 % des élèves de terminale générale sont des filles, la part de filles qui suivent plus de 6 heures de mathématiques est passée de 47 % (avant la réforme) à 40 % aujourd’hui (et de 41 % à 31 % pour un enseignement intensif de mathématiques).

L’ensemble des sociétés savantes de mathématiques s’insurgent contre ce traitement, à juste titre. Et ce n’est certainement pas la promesse de Blanquer de saupoudrer un peu de mathématiques dans la voie générale qui va changer la donne. Le problème de fond est d’arrêter immédiatement cette réforme du bac et de penser une autre école, sans sélection, qui permette l’émancipation collective des jeunes. Et dans cette école, les mathématiques retrouveront le rang d’enseignement comme les autres, avec ses problèmes et ses solutions.