Cela faisait longtemps que l’accès au CDI pour les assistantEs d’éducation leur était promis, et plus encore que celles et ceux-ci le revendiquaient. Et c’est chose faite depuis le 6 juillet après de longues années de lutte.
Les AED sont les personnels les plus précaires au sein de l’Éducation nationale. Ils et elles sont corvéables à souhait, mal payés, peu, sinon pas considérés et dans un état d’équilibre instable permanent.
Un travail pénible et peu valorisé
Et pour cause, jusqu’à maintenant ils et elles n’avaient le droit d’effectuer le métier d’AED que pendant six ans. Une fois les six années passées, ils et elles étaient gentiment remerciés et mis à la porte. Cette règle, justifiée par le ministère comme moyen d’inciter les AED à évoluer vers d’autres professions, permettait surtout de placer ces travailleurEs, pour la plupart déjà jeunes et pauvres, dans une situation de précarité accentuée, ne permettant pas de se projeter et d’envisager sereinement la suite. Les AED étaient constamment sur le fil du rasoir, subissant la pression du renouvellement.
Et c’est une arme dont les directions se sont allègrement servies au cours des années et des mouvements sociaux, pour sanctionner et réprimer toute forme d’organisation dans les vies scolaires. C’est notamment pour cette raison que le taux de syndicalisation est très faible dans cette profession. Alors qu’il s’agit d’un travail pénible et peu valorisé, la lutte sociale aurait dû y trouver un terreau fertile mais la répression y est très aisée pour une direction n’aimant pas la confrontation. C’est d’ailleurs le non-renouvellement qui a attendu la plupart des AED ayant cherché à s’organiser et à mener des luttes pour de meilleures conditions de travail.
UnE AED à temps plein travaille 40 h 50 par semaine et est payé 35 heures au SMIC. On renvoie la plupart du temps sa mission à la tâche de surveillance. Cependant celle-ci n’occupe pas la majeure partie du temps. La fiche de poste est floue puisque absolument n’importe quelle tâche peut être renvoyée à un AED. Toutes ? Pas tout à fait, mais gare à celui ou celle qui en refuserait une. Il est également l’échelon le plus bas d’un établissement, ce que les directions manquent rarement de rappeler.
L’illusion d’un nouveau statut
Après des années de lutte acharnée des AED, avec ou sans syndicat, c’est bien l’une des principales revendications qui vient d’être satisfaite. Cette avancée, loin d’être une charité de cœur du gouvernement de Macron, est la conquête permise par de nombreux jours de grève dans des établissements de toute la France, rappelant que sans AED, la vie scolaire ne tourne pas, et si la vie scolaire ne tourne pas, c’est tout l’établissement qui ne tourne pas. Ce fut notamment le cas cette année dans plusieurs collèges où la direction se retrouva obligée de demander aux élèves de rester chez eux plutôt que de venir en cours. Le rouage invisible mais pourtant indispensable de la vie scolaire.
Ainsi, depuis le 6 juillet, les AED ont accès au CDI. Enfin pas tout à fait. Le texte présenté par le ministère pour mettre en œuvre leur CDIsation est loin de répondre aux exigences. En effet, pour y accéder, unE AED devra déjà avoir effectué six ans, il n’y a aucune garantie de recrutement en CDI, ni que celui-ci soit sur une quotité au moins égale à celle détenue précédemment – et bien sûr la rémunération reste au minimum fonction publique sans aucune amélioration prévue. On peut s’attendre à ce que les directions limitent les accès au CDI, en refusant tout simplement de renouveler jusqu’aux six ans ou tout simplement en ne proposant pas le CDI au terme des six ans. Il est plus confortable pour une direction de maintenir une équipe d’AED précarisés plutôt que d’avoir des personnels n’ayant pas la pression du renouvellement.
En plus du statut de CDI, celui de CDD a également été ouvert pour des durées supérieures à un an, qui était alors le seul contrat possible. Ce statut est également une avancée sociale car elle permet de rompre temporairement avec l’instabilité.
Toutefois, cette avancée est loin d’être suffisante car elle reste extrêmement floue et ne garantit pas pleinement une amélioration des conditions de vie et de travail pour les AED. Il est nécessaire de porter comme revendication une augmentation de salaire et l’accès au statut de fonctionnaire pour touTEs les AED, seul statut offrant une stabilité. La victoire de la CDIsation doit en entraîner d’autres, jusqu’à une pleine reconnaissance du métier d’assistantE d’éducation ! Pour cela, ne nous leurrons pas, il faudra encore lutter, perdre des jours de salaire, faire pression et finalement gagner ! Nous ne voulons pas des miettes, nous voulons gérer directement la boulangerie !