Publié le Jeudi 1 mai 2025 à 11h00.

Éducation nationale : Une nouvelle réforme des concours

Le gouvernement a publié un décret le 19 avril 2025 sur les concours de recrutement des professeurEs. Ce décret entérine le retour des concours à bac+3, mais laisse planer une série de doutes et d’inquiétudes, surtout avec le budget d’austérité actuel.

Il aura fallu 15 ans pour que le gouvernement se rende compte de l’impasse que représentait la mastérisation des concours (c’est-à-dire le passage des concours à bac+5), dont la principale conséquence a été la baisse drastique du nombre de candidatEs. Tout le monde s’entend pour dire qu’il manque des professeurEs dans chaque établissement en France. La mastérisation n’est pas la seule responsable de cet état de fait1. La baisse des salaires est abyssale : de 2,3 à 1,2 fois le SMIC entre 1980 et 2020, soit la moitié de leur pouvoir d’achat. Ce qui fait des enseignantEs françaisEs les enseignants parmi les plus diplôméEs et parmi les moins bien payéEs de l’Union européenne. Sans parler de la dévalorisation sociale, de l’augmentation des effectifs de classe et de la hausse du travail administratif qui détériorent les conditions de travail, abîment la santé des personnels, voire les conduisent jusqu’au suicide.

Un concours à bac+3 et des emmerdes en plus

Le gouvernement aurait-il fini par écouter la souffrance des enseignantEs, les heures d’école perdues par les jeunes et les incompréhensions des parents ? Il n’en est rien. C’est un coup de communication de Bayrou, qui s’inscrit pleinement dans les décisions par en-haut. Pour les professeurEs des écoles, une nouvelle licence doit être créée. Aucune université n’a pu l’anticiper, ce qui fait craindre une formation au rabais qui déshabille les autres formations du supérieur, puisque la mise en œuvre est à budget constant, voire en baisse. Bref, rien n’est prêt mais l’intendance suivra… ou pas.

En outre, le ministère de l’Éducation nationale-employeur souhaite reprendre la main sur le contenu pédagogique enseigné aux profs-en-devenir. Ce qui représente une caporalisation du métier, loin de l’autonomie pédagogique de chacunE.

Les futurEs enseignantEs passeront leurs concours après la licence et deviendront en master 1 des « élèves stagiaires » payéEs 1 400 euros par mois, puis en master 2 des « professeurs stagiaires » (à 1 800 euros) sans exclure que ces stagiaires aient des classes à temps plein. Une bien belle économie, étant donné qu’aujourd’hui, un enseignant débute autour de 2 000 euros. Voilà l’objectif réel du gouvernement : continuer à raboter les services publics pour les patrons et l’économie de guerre.

Une autre école est indispensable

Il est risible de penser que la réforme des concours va avoir un impact sur la crise actuelle de l’école, où chaque jour apporte un nouveau lot de violence scolaire, que ce soit celle des adultes sur les enfants ou celle des jeunes. Nous défendons une école émancipatrice où chacunE trouvera son chemin, dans un cadre collectif bienveillant. Cela suppose une formation importante des enseignantEs, non seulement dans sa (ou ses) disciplines, mais également en pédagogie, en psychologie des enfants et en sociologie. Vaste programme, qui demande du temps et donc une formation universitaire rémunérée à plein temps.

Des luttes pour gagner !

Rien ne viendra « tout cuit » du gouvernement. Au contraire, il faudra nous battre pour une autre école et une autre société. Dans ce sens, les organisations syndicales CFE-CGC, CGT, FSU, Solidaires et UNSA appellent à une journée de grève le 13 mai pour la défense des services publics, une augmentation des salaires et l’égalité salariale. Nous devons inscrire la défense d’une école émancipatrice et la formation des enseignantEs dans ce cadre et nous organiser pour que cette grève ne se limite pas à une seule journée, mais débouche sur une mobilisation d’ampleur de l’ensemble des secteurs publics.

Commission Éducation nationale

 

  • 1. Raphaël Alberto, « Peut-on encore être prof en 2023 ? », revue l’Anticapitaliste n°149, septembre 2023.