Publié le Mercredi 23 février 2022 à 12h20.

Après la grève de la RATP, la nécessité d’un mouvement d’ensemble pour les salaires !

La direction de la RATP n’a rien écouté, ça n’aura pas empêché les travailleurEs de la Régie de se faire entendre avec la grève du 18 février ! Et d’imposer le thème des salaires dans l’actualité après des mois de grèves isolées dans différents secteurs.

Les piquets de grève se sont organisés sur les dépôts et ateliers vendredi 18 février avant la levée du jour. Ils étaient les points de rendez-vous pour rejoindre Val-de-Fontenay où avaient lieu les négociations annuelles obligatoires (NAO). Dès huit heures du matin, plusieurs centaines d’habituéEs du réveil matinal, armés de mégaphones, ont chanté sous les fenêtres de ceux qui les mettent à la diète.

Ridicule augmentation

Quelques jours auparavant, la direction avait annoncé une augmentation de 2,7 % sur l’action sociale, qui aurait dû se traduire par une augmentation en proportion sur les salaires. Mais c’était un mensonge. Ces fins comptables ont ajouté à leur calcul toutes les avancées de carrière ainsi que l’accord d’intéressement. La véritable augmentation est de 0,4 % : bien en-dessous de l’inflation officielle et sans aucun rapport avec les résultats du groupe RATP (une multinationale bien plus grande que la seule régie parisienne).

Un mensonge de ce type c’est une insulte, la goutte d’eau qui a fini de mettre en colère la base des salariéEs, déjà confrontéEs depuis des mois aux pressions sur les rythmes et conditions de travail sur fond d’ouverture à la concurrence. Huit lignes de métro complètement fermées, les RER A et B à la peine, de beaux piquets sur les dépôts de bus – celui de Lagny dans le 20e arrondissement a renoué avec l’ambiance incomparable de la grève de l’hiver 2019-2020, et les ouvrierEs des ateliers en grève massive (75 % à l’atelier de Saint-Ouen). Les grévistes se sont invités en rangs serrés dans la salle de réunion aseptisée du troisième étage où avait lieu la « négociation ». Un envahissement qui a mis la direction aux prises avec les salariéEs et pas seulement les dirigeants syndicaux. Les grévistes ont fermement exposé leurs difficultés et revendications, de quoi défriser le brushing d’Agulhon, numéro deux de l’entreprise. Ceux qui ont cru pouvoir faire la sourde oreille se la sont fait bruyamment tirer.

La colère est profonde

Cette première journée de grève n’est qu’un début. La colère est profonde. Les discussions entre collègues étaient centrées sur le coût de la vie, et il ne risque pas de baisser de sitôt.

Cette colère rejoint ainsi celle des Transports en commun lyonnais en grève il y a peu, ainsi que celle de nombreux travailleurEs d’autres secteurs qui revendiquent eux aussi des augmentations de salaires. Et avec des victoires ! Comme cela a été le cas à I.S.S., sous-­traitant du nettoyage de l’usine PSA Poissy, à Arkema, entreprise de chimie de la banlieue lyonnaise, où les grévistes ont arraché des dizaines d’euros supplémentaires sur leur fiche de paie. Ou encore, pour ne parler que des grèves en cours, la semaine dernière à Bonduelle, Lustucru, Alsthom, Dassault Aviation ou BioMérieux (un patron corona-profiteur de l’industrie pharmaceutique).

Le patronat du transport pleure depuis des mois sur la « pénurie » de main-d’œuvre – provoquée, rappelons-le, par d’inacceptables conditions d’embauche. C’est donc l’occasion d’inverser le rapport de forces en faveur des travailleurEs pour obtenir de vraies augmentations, celles qui permettent, à minima, de rattraper l’inflation. Et mieux encore !

Si les organisations syndicales n’ont pour l’instant pas l’air très pressées d’appeler à la suite de la mobilisation, il ne faudra pas attendre leur coup de sifflet pour s’organiser. Malgré le projet de mise en concurrence des travailleurEs du transport, le patronat et le gouvernement pourraient se retrouver avec une bonne grosse aiguille dans le pied, car les travailleurEs de la Régie, forts de leur expérience à l’avant-garde du mouvement contre la réforme des retraites qui avait fait reculer le gouvernement, ont à nouveau contribué, à leur manière explosive et surprenante, à mettre à l’ordre du jour la lutte d’ensemble sur les salaires, par la grève, pour arracher les 400 euros par mois qu’il nous faut !