L’inspecteur du travail en charge du dossier vient de donner l’autorisation administrative de licenciement des élus de l’usine Ford.
Le statut de « salariéEs protégés » des éluEs syndicaux oblige un patron à demander l’autorisation avant de licencier, de manière à ce que l’administration s’assure qu’il ne s’agit pas d’une discrimination syndicale. C’est l’inspecteurE du travail qui a 60 jours pour vérifier et statuer.
Dans le cas d’un plan de licenciements économiques comme ici à Ford, même si ce n’est clairement pas en lien avec l’activité syndicale de l’élu, il faut également cette autorisation administrative. En fait, pour les éluEs seulement, l’inspecteurE du travail vérifie que la procédure de licenciement est bien respectée et, surtout, il ou elle a la possibilité de contrôler s’il y a bien un motif économique qui justifierait les licenciements.
Une longue chaîne de responsabilités
On avait malgré tout l’espoir que nos licenciements ne soient pas autorisés, en tout cas pas tout de suite et pas par l’inspecteur. Cela n’aurait pas changé énormément les choses, mais tout de même. Si nos licenciements avaient été refusés, Ford aurait dû faire un recours auprès de la ministre du Travail. Bon c’est vrai, là nous n’aurions pas donné cher de notre peau tant on imagine bien Pénicaud signer en fermant les yeux. Mais au moins, c’est elle qui aurait fait le sale boulot. Dommage, nous n’en sommes pas arrivés à ce niveau, ce qui, en passant, nous aurait fait gagner 3 ou 4 mois, le temps du recours.
L’inspecteur, en donnant son autorisation maintenant, permet donc à Ford de nous licencier dans les jours qui viennent. Même si nous lui en voulons beaucoup, nous n’allons pas l’accabler. Car s’il n’y avait pas eu auparavant les capitulations de Macron, du ministre Le Maire, du président de l’agglomération bordelaise Juppé, s’il n’y avait pas eu les incompétences incroyables, les lâchetés successives, les abandons de poste, les reniements de ceux en situation de pouvoir, les licenciements auraient été empêchés depuis bien longtemps.
Car, en réalité, Ford n’a aucun motif économique valable pour justifier la liquidation de l’usine. Les profits, les dividendes, la rentabilité sont là, sans oublier les dizaines de millions d’aides publiques. Tout va bien pour Ford et pourtant… Tout le monde le sait : pour des raisons idéologiques, cyniquement, sans aucune honte ni scrupule, le pouvoir politique a cautionné la logique capitaliste jusqu’au bout. Ce n’est pas la première fois, car la liste est longue de ces usines qui ont fermé scandaleusement. Et avec les dernières lois, cela risque fort de ne pas être la dernière fois.
Mais comme on le dit depuis le début, nous avons toujours refusé de nous résigner à une défaite promise. La bataille va continuer, et ce sera principalement devant les tribunaux. Nous le ferons par principe, parce que nous ne voulons rien lâcher, parce que c’est important de dénoncer et contester jusqu’au bout, parce qu’il faut remettre en cause le droit de licencier et donc le pouvoir patronal sur nos vies.