Publié le Vendredi 23 septembre 2016 à 11h49.

Europacity (95) : La vie Auchan... sans les champs

Tel qu’imaginé par son promoteur, EuropaCity rassemblerait, sur 80 hectares de terres agricoles situé dans le triangle de Gonesse (Val-d’Oise), à mi-chemin entre les pistes de Roissy et du Bourget, quelque 500 commerces, 2 700 chambres d’hôtel et de multiples espaces consacrés aux loisirs et à la « culture »...

Ainsi un parc aquatique avec surf et spa, des pistes de ski d’intérieur, un parc d’attractions de 150 000 m2, une halle d’exposition, un cirque, une ferme urbaine… Un « temple du temps libre », dont la phase de construction se déroulerait à partir de 2019 pour une ouverture au public programmée pour 2024, qui devrait attirer, selon le promoteur, 30 millions de visiteurs par an, dont 6 millions de touristes français et étrangers.

Le projet EuropaCity est d’un coût estimé à 3,1 milliards d’euros financés sur fonds privés, dont 2,6 milliards à la charge du maître d’ouvrage, Alliages et Territoires (filiale de la branche immobilière du groupe Auchan). Il s’inscrit dans la dynamique du Grand Paris.

Le projet d’une nouvelle gare de métro sur le tracé du Grand Paris Express et surtout la perspective de la création de 11 800 emplois ne manquent pas d’allécher les élus locaux, mais laissent sceptiques les associations locales opposées au projet qui mettent en avant la destruction du tissu commercial et d’activité existant, et leurs emplois, ainsi que celle des dernières terres fertiles du grenier à blé d’Île-de-France.

Bref, un centre commercial, au coût pharaonique, sur des terres agricoles, en-dessous d’un couloir aérien... Un bilan transports/carbone catastrophique, et le choix d’un mode de développement consumériste entériné.

Mirage

La commission chargée d’organiser le débat public a remis son rapport le 12 septembre dernier : sa présidente, Claude Brévan, observe dans son rapport l’opposition entre « d’un côté, une société qui s’affranchirait de la course à la consommation pour aller vers davantage de sobriété et s’engagerait vers une transition écologique et énergétique ; de l’autre une société attachée aux modes de vie urbains ou aspirant à y avoir accès, mais taraudée par le chômage, et pour laquelle seul un modèle plus classique de croissance et de développement économique permet d’apporter des solutions durables ».

EuropaCity a trois mois pour adapter son projet aux remarques de la commission dont on peut noter qu’elle met en exergue les contradictions du système, le scandale de la destruction des terres agricoles, mais persiste à penser qu’avec le mirage des emplois annoncés, ce projet reste amendable. Les associations qui luttent contre EuropaCity ont encore du travail...

Catherine Segala