Publié le Mercredi 30 septembre 2020 à 08h16.

Face à la déferlante des licenciements, la nécessité d’une riposte coordonnée pour stopper les capitalistes

Après Continental dans l’Oise et Goodyear dans la Somme, c’est au tour de Bridgestone d’annoncer la fermeture de son usine de pneumatiques à Béthune. Résultat : à l’heure où le patronat multiplie les plans de licenciements et les fermetures d’usine, ce sont 863 salariés supplémentaires qui devraient être jetés sur le carreau, sans compter les centaines d’emplois condamnés dans la sous-traitance.

Alors, Le Maire, Ministre de l’industrie et Bertrand, Président de région peuvent amuser la galerie en  dénonçant pour le premier une décision « révoltante, avec une méthode révoltante et des conséquences révoltantes » ; en évoquant pour le second un « assassinat prémédité, prévu de longue date ».

Mais tous savaient depuis des mois que dans le cadre de la restructuration du groupe, le fabricant avait ciblé l’usine de Béthune, bien qu’elle soit l’une de ses principales usines en Europe. Oui, tous ces hypocrites savaient… et ils ont laissé faire.

Un scénario connu

Une fois de plus, le prétexte à la fermeture est le manque de compétitivité. Les pneus produits à Béthune ne seraient plus adaptés au marché et les investissements nécessaires trop coûteux, malgré les millions de subventions publiques reçues depuis sa création en 1961 . En oubliant au passage les trois milliards de dollars de bénéfice réalisés par le groupe en 2019, le plaçant loin devant Michelin et Goodyear.

Mais l’annonce de cette fermeture a aussi un sale goût de revanche politique contre des salariés qui avaient refusé à une majorité des deux tiers, lors d’un référendum organisé par la direction en juin 2019, un Accord de Performance Collective (APC) dégradant leurs conditions de travail.

Pas de solution hors de la lutte

Comme à chaque fermeture d’usine, le même manège se répète. A Béthune, les quatre syndicats de Bridgestone (CGT-CFDT-Sud-UNSA) ont signé un protocole avec le gouvernement pour… entamer des discussions de cinq mois !

La valse des « contre expertises », des « solutions industrielles alternatives », des « plans de reclassement qui ne laisseront personne sur le carreau » peut commencer.

Pourtant, toutes celles et ceux qui ont vu leur usine fermer ces dernières années, chez PSA, Continental, Goodyear, GM&S peuvent témoigner que les promesses n’ont jamais été tenues.

C’est le même danger qui guette les travailleurs de Renault. Alors que les quatre principaux syndicats  viennent de voter contre le plan de casse présenté par Luca de Meo, le cabinet d’expertise missionné par le CCSE ne trouve rien de mieux à proposer que de « mettre en place, entre les partenaires sociaux, un dispositif d’alerte précoce basé sur des enquêtes terrain en boucles » parce que « dans la mise en œuvre du projet, sur le terrain, un grand nombre de tensions et de difficultés peuvent surgir ». En clair, tout faire pour empêcher une salutaire explosion de la colère ouvrière !

On ne gagne pas entreprise par entreprise

Aujourd’hui, ni ce gouvernement, ni Bridgestone, ni un hypothétique repreneur capitaliste ne garantiront l’emploi de tous en cette période d’explosion des plans « sociaux ».

Renault à Choisy-le-Roi, Mercedes à Hambach en Moselle, Bridgestone dans le Pas-de-Calais, Ford à Bordeaux ont annoncé des fermetures d’usine. Quelle que soit l’entreprise et le pays dans lequel se trouve son siège social, c’est la même politique qui s’applique. Dans une telle situation, aller au combat chacun de son côté, usine par usine, ne permettra de construire le rapport de force à la hauteur nécessaire pour gagner.

Seule une mobilisation sociale d’ampleur et coordonnée à l’échelle nationale serait en mesure de mettre un coup d’arrêt aux suppressions d’emplois. Mais la vérité, c’est aussi qu’il est illusoire de croire en finir avec le chômage et la précarité sans se débarrasser du système capitaliste lui-même et de ses larbins.