Publié le Vendredi 12 février 2016 à 09h26.

Ford Blanquefort (33) : Ça devient difficile de manifester !

Le tribunal des prud’hommes vient de rendre son verdict : nous sommes déboutés de notre demande de faire annuler les avertissements donnés à 4 syndicalistes faisant suite à une action au Mondial de l’auto à Paris en septembre 2012.

Mobilisés pour défendre nos emplois, nous avions alors envahi le stand Ford, l’occupant une heure durant, refaisant la décoration, relookant les véhicules avec des confettis et autocollants. Énervée, Ford avait alors infligé des avertissements à 4 syndicalistes CGT et 1 CFTC identifiés sur une photo. Nous avions riposté immédiatement aux prud’hommes, refusant une sanction injustifiée, et contestant notamment la dégradation supposée d’un véhicule exposé sur le stand.

Au bout de l’affaire, en départage, c’est finalement un juge professionnel qui a pris la décision. Le rendu est complètement à charge contre nous : tous les arguments de Ford sont repris (dégradation du stand à coups de confettis, véhicule abîmé, perturbation du travail des salariés du stand...), rien sur le manque de preuves, rien sur le devis concernant la réparation du capot fait 6 mois après les événements, et bien évidemment rien sur la politique de Ford qui supprime des emplois – malgré les aides publiques – ou sur les engagements non respectés de la multinationale. Juste une réprobation de l’action.

Vers un procès au pénal ?

Cela donne le ton pour la suite, avec les convocations policières prévues pour les 4 mêmes syndicalistes, et pour cette même manifestation. Car Ford, nous l’ignorions, avait porté plainte en 2012 et 2014. Ces convocations tombaient la semaine de la conclusion des prud’hommes, elles ont été repoussées, évitant ainsi le télescopage.

Allons-nous vers un procès au pénal ? Même si nous n’en sommes pas là, cela y ressemble tant le climat actuel vise à museler la contestation. Alors il y a de quoi s’inquiéter des intentions du gouvernement. Mais surtout, il y a toutes les raisons de continuer la bataille pour la défense des emplois et pour la liberté de contester les attaques patronales, en lien évidemment avec les camarades de Goodyear, d’Air France et d’autres encore.

Philippe Poutou