Publié le Vendredi 3 mars 2017 à 09h09.

Ford Blanquefort (33) : En manifestation à Paris

Nous étions une quarantaine de salariés Ford à manifester ce mercredi 22 février à Paris devant le ministère de l’Économie à Bercy.

Nous espérions mobiliser plus largement les collègues, mais à aussi peu, nous avons quand même réussi notre action qui a été remarquée et plutôt bien médiatisée. Elle a le mérite de montrer que nous ne ratons pas une occasion d’exprimer nos inquiétudes concernant nos emplois et de dénoncer la politique de Ford qui est  socialement catastrophique.

Nous avons donc pris le train pour manifester devant Bercy, lieu où se déroulait une rencontre importante entre le gouvernement (ministère du Travail, secrétariat d’État à l’Industrie) et la direction de Ford Europe. Une rencontre obtenue par notre mobilisation en intersyndicale depuis le début de l’année : grèves, débrayages, manifestations... Grâce à ces actions, nous avions réussi à bousculer les pouvoirs publics qui ont repris le dossier en main. Ainsi le préfet, plusieurs élus locaux et députés, Juppé, et enfin le gouvernement… ont fait des déclarations confirmant qu’il y avait bien un souci concernant l’avenir de l’usine.

Donc ça bouge du côté des pouvoirs publics et de l’État qui commence à demander à nouveau des comptes à la multinationale Ford. Mais ces premières réunions se déroulent sans les syndicats et les salariés, comme si cela ne nous concernait pas directement, comme si ces gens-là avaient des choses à échanger hors de notre présence. Nous avions demandé à être conviés et cela avait été refusé. Alors on a décidé qu’on allait s’inviter. Voilà pourquoi nous avons fait une journée de grève pour protester devant Bercy.

Relancer la mobilisation

Les jours précédents, la préparation de l’action s’est faite difficilement. L’intersyndicale s’est divisée, les trois syndicats CFTC, FO et CFE/CGC n’ayant pas voulu y appeler. Incompréhensible. Comment ne pas manifester le jour où le gouvernement et la direction de Ford se rencontraient ? Il est vrai que, énervé par la tournure des événements, Ford avait exprimé un énervement et une légère pression, déclarant qu’il valait mieux pour nous de ne pas faire trop d’agitation...

Résultat : dans l’usine, alors que les trois mobilisations précédentes étaient largement majoritaires, l’ambiance était à nouveau au doute et à l’attentisme. L’idée d’une action ce jour-là était vue comme légitime et utile, au point que les trois syndicats ne se sont pas du tout exprimés là-dessus, laissant les collègues dans le flou. L’équipe militante CGT s’est, elle, démenée pour entraîner, pour convaincre. Il y a eu pas mal de discussions difficiles devant l’inertie générale, quelques tensions...

Au bout du compte, les collègues ont pris le train pour Paris, motivés mais pleins de doutes sur le résultat de l’action. Le soir au retour, c’était une autre ambiance : de la fierté d’avoir osé faire dans ces conditions, de s’être fait entendre, d’autant plus que le ministère nous a finalement reçus (une délégation) juste avant leur rencontre avec Ford. Nous avons ainsi pu à nouveau rappeler les profits de Ford, les aides publiques perçues, les emplois supprimés chaque année, les engagements non respectés de part et d’autres, le danger pesant réellement sur l’avenir de l’usine…

Cette action a été une réussite notamment grâce à un écho médiatique important. Cela va compter pour la suite, car nous espérons ainsi que cela redonne confiance aux collègues, que cela remette dans l’action les autres syndicats. L’enjeu est bien le lancement d’une véritable mobilisation jusqu’à ce que Ford fasse le choix d’apporter de l’activité sur l’usine et de préserver tous les emplois. Cela passe forcément par une détermination du côté des salariés pour pousser les pouvoirs publics à agir dans le bon sens.

Comme en 2010, nous voulons réaliser le même exploit : sauver nos emplois et tous ceux induits dans la région. Prochain rendez-vous jeudi 9 mars, avec le Comité de suivi réuni à la préfecture en présence des pouvoirs publics et de la direction de Ford Europe. Avec d’ores et déjà un appel à la mobilisation...

Philippe Poutou