Depuis la mise à l’arrêt des activités de restauration le 14 mars dernier, le confinement d’une partie de la population le 17 mars, l’activité des commerces alimentaires explose et les personnels, en majorité féminins, se retrouvent en première ligne, le plus souvent désarmés face à la menace du virus mais aussi l’atavisme de leurs employeurs et d’une partie de la clientèle.
Pas toujours de gants, encore moins de masques, peu ou pas de gel voire de pauses supplémentaires pour se laver les mains, et des magasins bondés et vidés de leurs denrées de base (farine, pâtes et désormais œufs) : les salariéEs de la distribution alimentaire, en magasin mais aussi en drive, sont sur sa brèche depuis trois semaines maintenant.
La carotte et le bâton
En réponse, on a vu des employéEs mettre en œuvre massivement, le plus souvent pour la première fois et sans appui syndical, leur droit de retrait, suscitant le plus souvent une approche raide de la part de la hiérarchie : menace de non-paiement du salaire, voire de sanctions comme à Leclerc ou dans un entrepôt breton de Carrefour.
Pourtant, la crainte est légitime alors que le secteur connaît ses premiers malades mais aussi morts du Covid-19, à commencer par Carrefour en Île-de-France où, en réponse, la Fédération CGT du Commerce a déposé une plainte contre la société mais aussi la Ministre du travail en raison de leurs négligences coupables.
Pas de pause pour les revendications
Pour calmer cette agitation, Auchan, suivi par d’autres groupes de la distribution, a annoncé le versement d’une « prime de la mort » pouvant aller jusqu’à 1000 euros, dont le montant pourra même être doublé selon le gouvernement, versée dès ce mois-ci. Cette prime ne remplacera pas de véritables mesures de sécurité comme l’obtention – et le renouvellement – d’un équipement complet de protection individuel pour chaque salarié mais aussi la restriction des horaires de travail (et non leur augmentation à 60 heures !) pour étaler l’activité afin de respecter les gestes barrières et de soulager leur stress : la santé et la vie des travailleurEs ne sont pas solubles dans le pognon !
Plus encore, des patrons de magasins faussement indépendants, quand ils ne cherchent pas purement et simplement à s’exonérer de leur obligation de sécurité et de résultat via l’embauche d’auto-entrepreneurs comme à Franprix, ne comptent de toute façon pas la distribuer... Le Secrétaire général de FO a raison de revendiquer dès maintenant la revalorisation des carrières de ces employéEs, souvent dédaignés ; la lutte se déroule aussi devant les tribunaux où, à l’initiative de Solidaires, Amazon est convoqué pour que soient fermés ces entrepôts, source de propagation du virus pour une activité à 90% inutile à la vie quotidienne de la population.