Ambiance inhabituelle la semaine dernière dans le port de Gennevilliers : les klaxons du flot de camions et de véhicules utilitaires se relaient pour saluer les drapeaux rouges CGT des grévistes de FM Logistic.
Pendant une semaine, ces grévistes se sont installéEs avec sono et barbecue devant leur lieu de travail, un énorme entrepôt, inauguré il y a deux ans, présenté comme ultramoderne avec sa rampe d’accès aux étages pour les poids lourds (bonjour la pollution !). Il est occupé par Ikea – mais pas de ces célèbres grandes lettres bleu et jaune sur le bâtiment pourtant situé au milieu d’une circulation très dense.
Une entreprise qui ne connaît pas la crise
Ikea cherche à faire oublier qu’il est le seul donneur d’ordres dans cet espace de bas salaires et de conditions de travail éprouvantes, fonctionnant H24 et sept jours sur sept. En plus de FM Logistic, Ikea fait travailler dans ces bâtiments deux autres sous-traitants pour les livraisons.
Pour sa part, FM y emploie 80 salariéEs et, en permanence et en toute illégalité, plus d’une centaine d’intérimaires. Cette société aime à se présenter comme familiale, proche des salariéEs, favorisant la « diversité » dans l’encadrement. Cette publicité bien macronienne est évidemment loin du sort fait aux 27 500 personnes employées sur les 180 plateformes réparties sur tout le globe : bas salaires, précarité, manipulation constante de charges lourdes, et la seule perspective de carrière c’est de finir plus ou moins vite avec le dos cassé.
Les profits vont bien… Progression des bénéfices de 21 % en 2020, 42,5 millions d’euros pour 1,431 milliard d’euros de chiffre d’affaires. Avec les commandes en ligne, leur grosse entreprise ne connaît pas la crise !
Cinq jours de grève
À l’initiative de la jeune section CGT, les salariéEs – 100 % de grévistes parmi les embauchéEs hors la poignée de cadres – sont partis en grève à l’occasion des NAO, malgré la dispersion en équipes postées.
La grève a été reconduite par acclamations pendant cinq jours. Les gains pourraient sembler modestes : 0,1 % d’augmentation en plus des 1,2 % proposés par la direction, une prime de transport annuelle de 150 euros, une prime mensuelle dite de productivité d’au minimum 50 euros, et la subrogation en cas d’arrêt maladie et accident du travail.
Mais comme souvent le principal acquis de cette grève n’est pas dans ces résultats, même s’ils ne sont pas si modestes. La fierté et la joie des grévistes au moment de la reprise étaient manifestes. Fierté d’avoir su faire plier celles et ceux d’en face, les directeurs qui se pavanaient le premier jour en répétant aux grévistes qu’ils et elles n’obtiendraient rien.
Joie de la solidarité entre eux ressentie par toutes et tous. Et en plus il y avait le soleil…
Les grévistes ont aussi fait l’expérience d’une solidarité hors de l’entreprise avec la présence active de l’union locale CGT et de syndicalistes d’autres entreprises comme Geodis. L’idée de s’organiser face aux patrons devient alors bien concrète ! Ces acquis-là sont précieux et durables pour se faire respecter à l’avenir. À suivre…