Publié le Mardi 16 février 2021 à 16h23.

Acharnement contre les militantEs à La Poste

L’État encore et toujours au service de la direction de La Poste.

Le 10 février, quelques dizaines de militantEs bravaient un froid polaire, devant le TGI de Paris, pour soutenir Brahim, Dalila, Gaël et Mohamed. Ces quatre militantEs de Sud Poste 92 (et du NPA pour ce qui est de Gaël) ont été mis en examen et convoquéEs par une juge d’instruction, pour des faites remontant à… 2014. Il s’agissait d’une occupation du siège de La Poste, comme il y en a eu beaucoup, dans le cadre des conflits postaux dans les Hauts-de-Seine. Celle-ci avait été un peu agitée, pas du fait des grévistes dont l’action était pacifique, mais des vigiles qui avaient perdu leurs nerfs et qui s’étaient montrés violents.

Qui sont les délinquants ?

Pendant cinq ans, La Poste n’a d’ailleurs pas cru bon de réagir. Les premières mises en examen sont tombées en avril 2019, en pleine grève des postierEs du 92, qui avait démarré un an auparavant. Coïncidence ? Nous ne croyons pas ! Ce coup de pression avait fait long feu puisqu’il n’avait pas entamé la détermination des grévistes. Pour autant, revancharde comme à son habitude, la direction de La Poste n’a pas retiré ses plaintes. Les griefs retenus sont proprement surréalistes : violation de domicile (les dirigeants prennent visiblement le siège pour leur résidence secondaire), dégradation, violence en réunion… Il s’agit, pour les patrons comme pour l’Etat, de transformer en délinquantEs des militantEs qui luttent au côté de leurs collègues, face à des directions refusant d’entendre à leurs revendications. En somme, un scénario identique à ce qui se passe à la RATP, à la SNCF ou encore dans l’Éducation nationale.

Les délinquants existent pourtant bel et bien, mais c’est plutôt du côté du Conseil d’administration qu’il convient de chercher pour les trouver. La Poste a été condamnée pour prêt illicite de main-d’œuvre dans le secteur du colis. Ce qui n’empêche pas Philippe Wahl, son PDG, de répondre au député LFI Éric Coquerel, qui l’interrogeait sur le sujet le 3 février, qu’il assumait la généralisation de la sous-traitance au prétexte que la concurrence est « terrible ». Sa confiance en la justice—de classe !—de son pays l’autorise certainement à se croire personnellement intouchable. Jusqu’à quand ?