Au moment de la mise en place du confinement numéro 2, le 30 octobre 2020, les carnets de commandes de l’industrie automobile étaient bien remplis, en raison notamment du maintien d’un effet rattrapage des activités suspendues pendant le printemps dernier. Mais, bien évidemment la production ne s’effectue pas dans des conditions « normales ».
Le port du masque et l’application des mesures barrières, déjà difficiles à supporter en eux-mêmes, le sont encore davantage quand les effectifs en poste sont rabotés du fait de l’éviction des intérimaires presque partout, et quand durée et intensité du travail ne sont pas réduites malgré les effets de cette « distanciation » imposée.
Résistances à l’aggravation des conditions de travail
Des résistances se sont manifestées dans les usines PSA de Mulhouse et Sochaux, avec une grève des salariéEs en charge de l’emballage du sous-traitant STPI, et dans celle de Renault-Cléon, où des moteurs sont fabriqués pour le monde entier. Mais dans une situation où, sur le terrain, les syndicats sont, au mieux, largement désorganisés, au pire empêtrés dans le « dialogue social », pas de riposte d’ensemble même au plan d’une seule usine ou d’établissement.
À en croire les patrons, le Covid s’arrêterait aux portes des usines. Mensonge scandaleux démenti par des comptes rendus de Comités sociaux et économiques de nombreuses usines et établissements. Dans l’usine PSA de Mulhouse, par exemple, à la date du 4 novembre il apparaît que le nombre de cas de salariésE positifs au Covid est en augmentation : neuf cas en quatre jours selon les chiffres de la direction, alors qu’il y en avait eu 16 en deux mois.
Toutes les activités de production affectées
Si dans les tout premiers jours du confinement la production pouvait continuer pour satisfaire les commandes passées, c’en est maintenant terminé. Selon les informations fournies dans la presse automobile professionnelle, les commandes d’automobiles se sont effondrées depuis la mise en place du nouveau confinement.
Dès maintenant, PSA a annoncé le report de la création d’une équipe vendredi-samedi-dimanche à Sochaux pour la production des Peugeot 3008 et 5008. Toutes les heures supplémentaires ont aussi été abandonnées à Sochaux et Mulhouse. L’usine PSA de Rennes La Janais a annoncé la suspension, à compter du 16 novembre, de l’équipe de nuit : 500 salariéEs vont passer au chômage partiel ou voir leur contrat d’intérim interrompu (lire page 8). Et on parle, dans l’usine de Mulhouse, de la mise au chômage partiel du personnel à partir du début du mois de décembre.
Ce qui est donc à l’ordre du jour, c’est, partout, l’indemnisation à 100 % du chômage partiel tant pour les salariéEs PSA, Renault et sous-traitants que pour les intérimaires et prestataires.
Tout pour le profit
Alors que les concessions automobiles devraient être fermées, que les ateliers sont des clusters potentiels, et que les voitures sont sûrement moins essentielles que les livres, volume de production et mise au chômage partiel sont, pendant cette pandémie, exclusivement définies selon le niveau des stocks et les exigences de profit. Conditions de travail des salariéEs et satisfaction des besoins les plus essentiels de la population sont ainsi délibérément sacrifiées. L’automobile, ou l’exemple à ne pas suivre.