Alors que les salariéEs sont en grève depuis deux mois contre des conditions de travail et de salaire rendues insupportables par un accord de performance collective (APC), le groupe Norac dont dépend Bergams a décidé de faire mettre en liquidation l’entreprise.
Vendredi 12 septembre, un rassemblement des grévistes et de leurs soutiens s’est tenu devant le tribunal de commerce d’Évry où avait lieu l’audience concernant la demande de liquidation de la direction. À noter que celle-ci avait organisé un rassemblement des non-grévistes, amenés en bus dans l’objectif de faire porter la responsabilité de la fermeture de l’usine aux grévistes. En vain. Contrairement à ce que les patrons ont essayé de faire croire en assignant des grévistes à deux reprises en justice sans parvenir à les faire condamner, les grévistes n’ont jamais empêché personne de travailler. La production, l’emballage et la mise sur palettes étaient à l’arrêt parce que la grosse majorité de ce secteur était en grève tandis que les non-grévistes font partie de la distribution — les chauffeurs-livreurs, du personnel administratif et des cadres.
Les grévistes se font respecter
L’accord de performance collective (APC), que la direction a obtenu, il faut le rappeler, en exerçant un chantage à la fermeture, ne concernait que la production et l’emballage, pas le personnel des bureaux, et les cadres ont même été augmentés de 15 %. Les salariéEs ont consenti à des efforts surhumains pour « sauver » l’entreprise. Les conditions de travail déjà extrêmement pénibles parce que les sandwiches ou les salades sont fabriquées dans des chambres froides, à moins de 5 degrés, se sont encore détériorées parce que les cadences n’ont pas cessé d’augmenter ainsi que les heures sup imposées au bon vouloir de la direction. Et tout cela avec des pertes de salaires énormes, l’ancienneté n’étant plus prise en compte, ni les dimanches et jours fériés ni les heures supplémentaires parce qu’annualisées. Le chantage de la direction est alors apparu comme étant une énorme tromperie, les commandes avaient repris, aussi importantes qu’avant le covid.
C’est ce que la grève a fait éclater au grand jour, et au-delà de Grigny ou de l’Essonne puisque plusieurs journaux et médias en ont parlé. La détermination et le courage des grévistes ont imposé le respect, entre autres aux non-grévistes dont certains ignoraient beaucoup de ce qui se passait dans les ateliers.
Norac, champion de l’exploitation
À l’audience au tribunal de commerce, le représentant du ministère public n’a pas accepté la liquidation immédiate demandée par Bergams. Les représentants des salariéEs ont pu faire valoir et leurs conditions d’exploitation et les points opaques du dossier de la direction qui met dans la colonne « pertes » des salaires qui n’ont pas été versés du fait de la grève et oublie toutes les subventions qu’elle a reçues, liées au chômage partiel (ARME) ou à l’existence de la zone franche de Grigny et enfin compte, en pertes immédiates, les prêts garantis par l’État au moment du covid qu’elle a cinq ans pour rembourser. Sans compter les sommes versées à Norac, le petit empire agro-alimentaire de Bruno Caron ni bien évidemment les bénéfices engrangés depuis des années sur le dos de salariéEs exploitéEs. Rendu du délibéré mercredi mais d’ores et déjà, pour preuve qu’il s’agit d’un patron voyou, une autre grève a éclaté dans le groupe Norac, à Nor Pain, au Havre où les salariéEs dénoncent des salaires de misère : « Marre d’être dans le pétrin tous les mois », comme le disent leurs banderoles.