Publié le Mardi 11 juin 2019 à 12h28.

Les fusions XXL dans l’automobile préparent des attaques XXL contre les salariéEs

La réalité de la concurrence capitaliste dépasse la fiction des séries à la Dallas. De Carlos Ghosn, l’ex président voyou de Renault en prison, à l’héritier de famille Agnelli, propriétaire historique de Fiat, proposant puis retirant une fusion « à parité » avec Renault, la suite n’est pas encore écrite. Rebondissements, trahisons, démissions sont possibles au prochain épisode.

La fusion Renault-Fiat n’aura donc pas lieu, en tout cas pas aux conditions et délais proposés par Fiat. Ce n’est pas la faute de l’actuelle direction de Renault et de son nouveau président venu de chez Michelin. prêts à voter lors du conseil d’administration pour le principe de la fusion discutée lors des semaines précédentes. Tous les autres représentants des groupes financiers y siégeant étaient partisans de la fusion. Sans compter ceux des salariéEs, qui à l’exception de la CGT, auront bien été les « idiots utiles » de la direction en cette affaire. 

Ce sont des oppositions entre capitalistes qui ont fait capoter aujourd’hui le projet. Nissan mis hors jeu du marchandage avait annoncé une abstention, refusant une minorisation qu’aurait accentuée une fusion entre Fiat et Renault. Et le gouvernement français a tenté d’utiliser cette position pour améliorer son jeu comme au poker. 

« Recherche concurrent avec qui fusionner dans de brefs délais »

On savait que Fiat recherchait sur le marché mondial une fusion depuis plusieurs années. La nouveauté est que Renault est lui aussi candidat. C’est qu’il faut aller à marche forcée vers les transformations qu’imposent les voitures électriques et autonomes. Comme les dépenses pour ces nouveaux investissements ne doivent pas faire baisser les dividendes promis aux actionnaires, c’est donc aux salariéEs de payer. 

Pas de doute : la raison qui doit motiver l’opposition ouvrière à une telle fusion est bien la casse sociale qui en serait la conséquence. Mais d’autres motifs ont été avancés. La coordination CGT Renault a ainsi craint que Renault ne passe sous « pavillon italien » comme si la protection Macron et Lemaire pouvait constituer une garantie pour les salariéEs. Et cela n’aidait pas à ce qui aurait dû être la tâche de l’heure : la solidarité entre salariéEs français et italiens, comme l'ont souligné notamment SUD Renault et le syndicat CGT du centre d'études de Lardy.

Ensemble, salariéEs de Renault et Fiat ! 

Le mouvement ouvrier est manifestement en retard dans la coordination des résistances. Ce constat est encore plus visible lorsque que les patrons de Fiat et Renault sont à la manœuvre alors que des traditions de lutte existent parmi les salariés des deux entreprises. À son échelle, notre courant politique ne s’est pas contenté de proclamations. Avec un interview croisée de militants syndicaux de Fiat et de Renault répondant aux mêmes questions face à la même situation, un petit pas en avant a été posé vers la convergence entre travailleurEs de France et d’Italie (voir page 12). 

Plus d’un milliard de voitures en circulation. Cent millions de voitures produites dans le monde chaque année. Au secours ! Et ils rêvaient d’un groupe automobile produisant 15 millions de voitures par an… L’urgence est à empêcher ces patrons de continuer leur course folle pour leur enrichissement personnel ; la casse sociale, et l’enfumage de toute la planète. 

Correspondant