Publié le Samedi 8 juillet 2017 à 10h26.

Michelin : 1 500 postes de travail en moins malgré des profits records ?

Michelin annonce la suppression de 1500 emplois en France d’ici à 2021. Ils s’ajoutent dans la même annonce aux 450 postes de travail supprimés aux États-Unis...

Michelin est le premier fabricant de pneumatiques dans le monde. C’est l’une des plus anciennes et plus puissantes firmes capitalistes françaises appartenant depuis plus d’un siècle à la même famille d’actionnaires. Michelin emploie plus de 110 000 salariéEs à travers le monde, dont près de 20 000 en France. Ayant réalisé plus de 1,6 milliard d’euros de profits l’an dernier (sur un chiffre d’affaires de presque 21 milliards), la rentabilité a atteint un record, avec une marge opérationnelle de 12,9 %. Et le cours de l’action Michelin a vu sa valeur augmenter en bourse de 147 % depuis cinq ans. Bref, c’est une firme mondialisée prospère, dont la seule raison sérieuse pour ces suppressions d’emplois est de produire encore plus d’enrichissement pour ses propriétaires rentiers et ses actionnaires.

En comptant les embauches annoncées, d’ici 2021, 5 000 salariéEs de Michelin devront quitter le groupe en France, et 2 000 salariéEs basés à Clermont-Ferrand sont concernés. Alors que cette ville est construite autour de cette quasi mono industrie, on peut prévoir les dégâts au-delà des seules usines Michelin. Michelin ne remplacera pas 970 départs en retraite d’ici 2021. De 30 000 dans les années 1970, les effectifs Michelin y passeront à moins de 10 000 dans la ville. Les départs, incluant des pré-retraites, seront certes au volontariat, mais on connaît la chanson : plus on se rapproche des dates butoirs, plus les pressions individuelles augmentent... avec des départs « volontaires » de plus en plus forcés ! Et 970 emplois en moins, c’est une charge supplémentaire pour celles et ceux qui restent.

Des promesses, toujours des promesses...

Comme le dénonce  le syndicat CGT de l’usine de Blavozy, « Afin de rassurer l’opinion, le communiqué de presse de la direction indique que de nouveaux emplois seront créés sur Clermont. Or, cette même annonce avait été faite lors de la fermeture de l’usine de Tours, où 200 emplois devaient être créés. Il n’en fut rien : ces emplois n’ont jamais vu le jour, l’usine est rasée et aucune entreprise ne s’implante sur la friche. Les promesses de la direction n’engagent que ceux qui y croient. »

Le groupe Michelin veut maintenant aller très vite. Un livre blanc a été remis aux syndicats jeudi 22 juin. Un comité d’entreprise extraordinaire a été fixé au 6 juillet. Des négociations dureront quatre mois – en ­juillet, septembre, octobre et novembre  – pour la signature d’un accord fin novembre. Un dialogue social bidon dont on connaît déjà l’essentiel des conclusions.

Il y a mieux et plus urgent à faire qu’à perdre son temps dans ces négociations inutiles : tout mettre en œuvre pour préparer la riposte qui sera plus que nécessaire afin de contrer la politique de casse du code du travail par ordonnance de Macron mise en place pendant la période estivale. Pour Michelin, c’est une politique qui facilitera la mise en place de son plan de 1 000 suppression d’emplois...

CorrespondantEs