La fermeture de la « Mutu », destinée à être transformée en super palais des congrès, remet aussi en cause le droit à la santé des Parisiens.
« Victime de la grippe L, comme licenciements. »
Voilà l’une des banderoles qui ornait la façade de la Mutualité mardi 15 septembre. Car la « Mutu », haut lieu de résonance des combats syndicaux et politiques, licencie.
L’immeuble historique du 5e arrondissement, emblématique des rassemblements et des luttes sociales, serait dorénavant géré par GL Events, un « gros » du tourisme d’affaires qui le transformerait en un « palais des congrès de luxe ». Avec à la trappe les emplois des personnels administratifs et techniques. Le site devrait fermer ses portes jusqu’en juin prochain pour travaux.
Mais la « Mutu », ce n’est pas que le bâtiment du 5e arrondissement, mais aussi, et avant tout, deux centres de santé mutualistes. Eux aussi sont touchés de plein fouet par la politique de la direction. Une vingtaine de spécialités médicales, introuvables ailleurs en secteur 1 (c’est-à-dire sans dépassement d’honoraires et remboursées par la Sécurité sociale) seraient supprimées dans les deux centres de santé de Saint-Victor (5e) et du Moulinet (13e). Avec, à la clé, la disparition de 166 postes, une offre de soins moindre et des synergies brisées qui serviront ultérieurement à justifier de nouvelles mesures régressives, voire la fermeture...
C’est bien pourquoi les personnels en grève étaient venus exiger des comptes et ont contraint la direction à sortir de ses bureaux pour s’expliquer publiquement. Mais le refrain est connu. Mettant en avant une vision comptable et marchande de l’offre de soins pour justifier la disparition de spécialités médicales (psychiatrie, urologie) et, par conséquent, les suppressions d’emplois, la Fédération nationale de la mutualité française (FNMF, dont le président Davant a reçu Sarkozy pour une attaque commune contre la Sécu), ne fait aucun cas des besoins de la population. Ce discours patronal habituel est encore plus inadmissible de la part d’une mutuelle qui devrait défendre les deux centres de santé comme des éléments majeurs du service public de santé à Paris (220 000 actes par an) et proposer de résister en s’appuyant sur les usagers et la population.
Mais la dérive droitière du social-libéralisme ne s’exprime pas seulement au plan politique. Les pseudo-dirigeants ont abandonné depuis longtemps toute référence aux combats et solidarités qui ont façonné le mouvement mutualiste depuis ses origines.
C’est le flambeau de ce combat qu’ont repris les collectifs d’usagers et de partis de gauche (dont le NPA est partie prenante) en recueillant des milliers et des milliers de signatures parmi la population parisienne et les patients.
Daniel Vaubaillon