Cela fait maintenant plus de trois mois que les grévistes de la société de nettoyage OMS tiennent bon face à un patron voyou qui continue à les mépriser. Depuis trois semaines, ils augmentent la pression, non seulement sur leur patron mais de plus en plus sur le donneur d’ordre, le bailleur d’HLM, Paris Habitat, un organisme contrôlé majoritairement par la mairie de Paris.
Depuis l’arrivée du soutien de la CGT Hôtels de prestige, le rapport de forces est en train de changer. Le 31 décembre, les grévistes ont quitté leur piquet de grève dans le 20e arrondissement de Paris pour aller manifester devant The Peninsula, un grand hôtel 5 étoiles dans les très « beaux quartiers » du 16e, à deux pas de l’Arc de Triomphe. Le but de ce rassemblement était d’exiger de l’hôtel qu’il rompe son contrat avec OMS (nettoyage des parties communes) pour non-respect des conditions du contrat voire du code du travail.
Pendant plus d’une heure, nous étions une quarantaine à scander les slogans, à siffler… Bien entendu les grévistes eux-mêmes, plus remontés que jamais, la CNT Solidarité ouvrière qui les représente, la CGT Hôtels de prestige, le comité de soutien très actif du 20e, un représentant de Solidaires, des membres du PCF et du NPA…
Le 17 décembre, c’était déjà le même scénario devant le grand hôtel Marriott boulevard Saint-Jacques. à peine quelques jours plus tard, l’hôtel a rompu le contrat avec la filiale d’OMS qui travaillait chez eux (voir l’Anticapitaliste n°317). Cette fois-ci, dans la journée même du 31, The Peninsula a non seulement cassé le contrat mais a intégré le personnel d’OMS comme salariéEs directs de l’hôtel.
Le scandale de la sous-traitance
Interviewé sur France Inter le 29 décembre, Ian Brossat (PCF), adjoint au logement à la mairie de Paris, a menacé de ne pas renouveler les contrats avec OMS s’il ne tenait pas compte des revendications des salariéEs, estimant avoir laissé assez de temps. Si on peut considérer comme positif ce dernier développement, pourquoi avoir attendu plus de trois mois pour réagir... quand The Peninsula n’a attendu lui que quelques heures ? Et pourquoi tout simplement ne pas casser le contrat avec OMS et internaliser tout le personnel comme salariéEs directs de la ville de Paris ?
Le système de la sous-traitance est déjà un véritable scandale lorsqu’une société privée fait un appel d’offres, concède le contrat au moins cher pour ensuite se laver les mains de toute responsabilité concernant les salaires et les conditions de travail. C’est encore plus scandaleux quand ce genre de pratique devient la norme dans les organismes publics comme Paris Habitat qui, de plus, sont contrôlés par des mairies prétendument de gauche !
« Cette maison est la vôtre ! »
Le soir du 31, les grévistes et leurs soutiens se sont retrouvés devant la mairie du 19e arrondissement pour un réveillon de lutte. Discutant dans le froid, nous étions quelques-uns à nous dire que cela aurait été pas mal d’être à l’intérieur de la mairie dans une salle au chaud et à nous souvenir de la phrase de Bertrand Delanoë lors de son élection comme maire (PS) de Paris. En brandissant un trousseau de clés censé représenter les clés de la mairie, il avait déclaré : « Cette maison est la vôtre ! ». 15 ans plus tard, face à l’administration d’Hidalgo qui a remplacé Delanoë, nous restons sceptiques…
Cependant, malgré le froid de l’hiver, l’enthousiasme des grévistes et de leurs soutiens dégage une chaleur humaine qui continue à booster le moral de tous les participants à ce mouvement. On se dit que si tous les salariéEs de France pouvaient retrouver en 2016 le courage et la détermination exemplaires des grévistes d’OMS, on pourrait bouger des montagnes et changer bien des choses.
Ross Harrold
Chèques de soutien à Syndicat CNT-Solidarité ouvrière du nettoyage, 4 rue de la Martinique, 75018 Paris (mention « Soutien aux grévistes »).
Pour d’autres infos sur la grève : http ://www.ulcgt11.fr/?GREVE-DE…