Publié le Vendredi 20 novembre 2009 à 18h20.

Philips Dreux : aux côtés des salariés

Des militants de nombreuses entreprises en lutte se sont retrouvés à Champhol pour une journée de solidarité à l’appel de la CGT du site. Samedi 14 novembre, des travailleurs de Continental, de Molex, de Ford, de Freescale, de Renault, de Radio France, des travailleurs sans papiers, de Solidaires en inconditionnels de la solidarité ouvrière se sont retrouvés à Champhol (Eure-et-Loir) pour répondre à l’appel du syndicat CGT Philips EGP Dreux, afin de soutenir les Philips dans leur difficile combat pour le maintien de leurs emplois. Malheureusement, on n’en dira pas autant des responsables des structures syndicales de la CGT : unions locale et départementale, union des syndicats des travailleurs de la métallurgie et fédération de la métallurgie brillaient tous par leur absence. Car, à quelques kilomètres de la cathédrale de Chartres la rentabilisation motivée par la chasse aux profits n’a pas attendu la « crise » pour détruire des milliers d’emplois. Rien que pour Philips, on est passé de 4 000 emplois sur les trois sites de la région au début des années 2000 à moins de 300 aujourd’hui à EGP Philips Dreux, avec la perspective d’une fermeture complète dans les mois qui viennent. Et ce n’est pas faute d’une défense acharnée pour le maintien de ces sites par les salariés. Depuis des années, grèves, mobilisations régionales, batailles juridiques... tout a été tenté pour bloquer la machine destructrice d’emplois. Malgré la défaillance des autres syndicats de l’entreprise, la CGT s’est battue sans relâche pour la mobilisation massive des salariés de Philips. Car comme partout, derrière ces emplois directs supprimés, ce sont des milliers d’autres qui ont été liquidés avec l’installation dans le chômage et la misère de milliers de familles. Et pendant ce temps-là, le groupe Philips annonce un bénéfice record au 3e trimestre 2009 de 176 millions d’euros soit trois fois celui du 3e trimestre 2008. Quant au bénéfice d’exploitation, ce dernier a été multiplié par six et s’élève à 344 millions d’euros. Avec onze semaines de grève en 2008, salariés et militants se retrouvent dos au mur. Après avoir dans un premier temps gagné le paiement des jours de grève, un jugement en appel a annulé cette décision et condamne les salariés à payer les frais des deux procédures ! Conscients de l’impossibilité de gagner en restant isolés, les militants de la CGT Philips avaient parcouru l’hexagone pour soutenir et encourager tous leurs camardes en lutte ces derniers mois. C’est ainsi qu’ils ont croisé Manu et ses camarades à Clairoix avec les Conti, les Ford à Bordeaux, les New Fabris à Châtellerault, etc., qui leur ont rendu la politesse samedi dernier. Ce fut une belle journée de solidarité ouvrière où les soutiens furent accueillis chaleureusement par plusieurs dizaines de salariés d’EGP avec saucisses, merguez, sandwiches et boissons, musiques et débats. En fin de matinée, les militants présents ont remis en débat l’urgence d’une centralisation des luttes tout en respectant les rythmes nécessaires à une construction transparente et démocratique, conditions indispensables pour des actions efficaces. L’après-midi, après des messages de soutien émouvants des militants des entreprises présents, un débat était organisé avec la participation de toutes les forces de gauche locales. Comment empêcher tous les licenciements, quelle politique industrielle, quelles propositions de reconversion, comment centraliser les luttes dispersées qui restent isolées ? Autant de questions débattues une nouvelle fois avec le sentiment qu’il est grand temps d’arrêter le massacre. Alors tous se sont engagés à rester en contact, à s’épauler dans les jours, les semaines, les mois qui viennent. Pour apporter notre détermination, notre volonté politique pour la construction du « tous ensemble » seul capable de faire reculer patrons et gouvernement. L’après-midi s’est terminée en musique pour nous rappeler que la lutte, cela peut être aussi des moments de solidarité et de festivité.Correspondant