Publié le Mardi 15 novembre 2022 à 10h00.

Pour la bourse, l’explosion de Renault en 5 sociétés

Le 8 novembre Renault a officialisé son plan de réorganisation - explosion de Renault. Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ?

Renault devrait être divisé en 5 entités. Ampere (sans accent car on veut être mondial) pour la production de voitures électriques, Power pour les véhicules thermiques et hybrides, Mobilize pour les services de mobilité et la banque, Alpine pour le grand luxe frimeur, et enfin le recyclage « circulaire » de l’ancien. Plus une autre entité Horse intégrée à Power qui sera, en partenariat 50/50 avec la firme chinoise Geely, un fabricant de moteurs thermiques et hybrides pour tout Renault. Sans oublier que perdure une alliance avec Nissan encore en désaccord avec le projet.

De nouveaux organigrammes qui ne changent pas grand-chose aux conditions de travail des exécutants ? Ce serait complètement erroné car l’objectif est bien de casser droits conquis en morcelant tâches et personnels. Dans le plan Renault, chaque entité devient indépendante avec ses dirigeants, ses propres comptes financiers et sa rentabilité à cracher régulièrement pour les actionnaires.

Ampere pour attirer les capitaux

Le premier objectif assigné à la société Ampere est d’attirer des capitaux après son introduction en bourse. Ce qui les excite tous, c’est la firme automobile Tesla qui a atteint la capitalisation boursière de 600 milliards de dollars en vendant aujourd’hui un million de voitures dans le monde entier par an à un prix unitaire allant de 55 000 à 100 000 euros . L’envers du succès financier de Tesla ce sont des conditions de travail dans l’usine historique de Caifornie où les accidents du travail étaient d’un tiers supérieur à la moyenne nord américaine et où les horaires ont pu atteindre 12 heures de travail 7 jours sur 7 selon les propres déclarations de son fondateur Elon Musk. Voilà leur modèle de l’innovation !

Tout est appelé à s’acheter et se vendre entre les nouvelles entreprises. L’entité de fabrication de moteurs Horse devient un équipementier comme un autre cherchant des clients parmi tous les constructeurs mondialisés. Ampere mettra en concurrence pour l’ingénierie véhicule ce qui restera du Technocentre avec d’autres fournisseurs.

Cinq sociétés sous la contrainte de 10% de rentabilite

L’objectif de la direction de Renault est au-delà de création d’Ampere, de faire passer toute la production sous le contrôle direct des actionnaires et des marchés financiers. Chacune des entités issues de cette explosion de Renault devra afficher une rentabilité d’au moins 10 %. Marche ou crève ce sera leur sanction !

Partout des disparités de statut, d'emplois et de salaires

Il va en découler une explosion des conditions d’emploi et de salaires. On connaissait déjà sur un même lieu de travail les divisions entre salariés Renault et intérimaires ou prestataires. Ils voudraient maintenant imposer la présence sur un même lieu de travail des entreprises aux salaires et conventions collectives différentes. Renault laisse aujourd’hui entrevoir que certains mutés d’office conserveraient leur ancien statut Renault, introduisant de fait une nouvelle division entre anciens et nouveaux embauchés dans les entreprises créées.

Avant cette offensive, Ghosn avait largement commencé le travail en supprimant la majorité des activités de production d’automobiles du territoire français. Luca de Meo a poursuivi avec son plan de restructuration de juin 2020 avec 15 000 suppressions d’emplois dans le monde dont 4 600 en France. Ce plan a été réalisé, dit il, en avance sur le calendrier initial.

Ne pas se laisser faire !

Le démembrement annoncé, c’est en France, plus d’activité d’études ou de fabrication pour les moteurs thermiques ou hybrides. Aujourd’hui l’usine de fabrication de moteurs de Cléon et les centres d’études de Lardy et de Guyancourt sont en première ligne des menaces et des attaques. La résistance se prépare. « On ne se laissera pas faire » explique le syndicat CGT de Renault Lardy, l’un des établissements Renault les plus menacés. Cet appel à la mobilisation tranche d’avec le silence des instances centrales des principaux syndicats. Elles étudient les documents fournis par la direction avant un comité social et économique Renault qui se réunira en décembre pour avis. Pas de secret d’entreprise : tout doit être publié d’ici là. Pas de délai pour les résistances à préparer !

Empêcher les firmes automobiles de nuire !

Va-t-on laisser faire ce cassage en règle de toute une organisation sociale et de ses droits conquis au fil de générations de lutte ? Va-t-on tolérer que cela sa fasse avec des milliards de subventions gouvernementales ?

Empêcher les firmes automobiles, ces fauteurs de crise climatique et de casse sociale, de continuer à nuire c’est au delà des seuls salariés de l’automobile l’affaire de toutes et tous. Ils veulent tout casser. Ceux qu’il faut chambouler en priorité ce sont patrons et actionnaires à exproprier.