En mars dernier, une centaine de livreurEs s’étaient portés partie civile devant le tribunal correctionnel dans un procès engagé contre la plateforme de livraison Deliveroo suite à de multiples procédures de l’inspection du travail.
Le verdict est tombé le 19 avril : 375 000 euros d’amende et un an de prison avec sursis pour deux anciens dirigeants, quatre mois de prison avec sursis et 10 000 euros d’amende pour un troisième cadre, et 50 000 euros de dommages et intérêts à verser aux cinq organisations syndicales parties civiles.
Pour la présidente du tribunal, le « délit de travail dissimule » est établi. Alors que Deliveroo prétendait qu’elle ne faisait que « mettre en relation » des clientEs, restaurateurEs et livreurEs, et démentait « tout lien de subordination », les témoignages d’une dizaine de livreurEs, attirés par les promesses de « liberté » et de « flexibilité », ont mis en évidence la réalité de conditions de travail d’un autre âge, notamment en ce qui concerne le temps de travail et l’omniprésence d’un employeur organisant et contrôlant le travail grâce à la géolocalisation et administrant des sanctions.
Ce qui est condamné c’est la duperie de l’image du travailleur prétendument libre qui ne sert qu’à masquer la dictature patronale, toujours en recherche d’une plus grande profitabilité. Un premier succès qui reste à consolider par une évolution de la loi. Peu probable que Le Pen ou Macron s’engage de leur plein gré sur cette voie. Comme d’autres combats, celui-ci reste devant elles et eux pour touTEs les ubériséEs… et touTEs les ubérisables. Contre l’exploitation sans vergogne, la lutte continue !