Dans le secret du conseil de surveillance, en fait un conseil de famille Peugeot au sens strict du terme, PSA semble avoir accepté une solution négociée pendant des mois. L’État français et Dongfeng devraient participer au renflouement de PSA en apportant à eux deux 1,6 milliard d’euros. Ce rapprochement entre les deuxièmes constructeurs automobiles chinois et européen est un moment important de la restructuration de l’industrie automobile mondialisée.
L’argent apporté par le gouvernement français, la famille Peugeot en dispose avec ses investissements répartis dans un millier de filiales, et dans ses coffres-forts en Suisse où au moins 2,5 milliards d’euros sont planqués. L’ouverture des livres de compte, de tous les livres de compte, de la famille Peugeot est indispensable. Pour que la famille Peugeot paye, il aurait fallu la contraindre et empiéter sur la toute-puissance du capital. Pour cela, il ne faut pas compter sur Hollande ou Moscovici, copains de Gattaz et de la famille Peugeot !Perdant le contrôle de PSA, la famille Peugeot est toujours actionnaire. C’est coup double pour elle : elle se défausse de ses responsabilités chez PSA pour investir et spéculer ailleurs. Restant actionnaire, elle touchera les dividendes des restructurations si celles-ci s’avèrent rentables. La famille Peugeot voudrait suivre le chemin des De Wendel et autres Sellières qui ont construit, financés par l’État, leur fortune d’aujourd’hui sur les ruines de la sidérurgie.
Nouveaux actionnaires, vieilles recettesL’État français et l’entreprise chinoise Dongfeng, les nouveaux actionnaires, sont là pour que PSA renoue avec les bénéfices et mondialise son activité. Les investissements de PSA dans le monde vont s’amplifier. Déjà, PSA annonce la construction de six usines en Chine, là où les firmes automobiles mondiales font le plus de profits.Cela va entraîner la poursuite d’une politique qui a déjà abouti à la fermeture d’Aulnay et la suppression de plus de 10 000 postes de travail. Comme ces mesures n’ont pas suffi à redonner la rentabilité financière espérée par les actionnaires, de nouvelles attaques se préparent. Déjà, un nouveau plan de suppression de 1 450 postes de travail a été présenté au comité central d’entreprise de PSA.Cela ne coûtera rien au contribuable déclare le gouvernement. Mensonge car l’argent public ne tombe pas du ciel. Cela veut dire que le gouvernement sait, quand il le juge nécessaire, trouver de l’argent. Pour aider la famille Peugeot, mais pas pour les services publics ou la santé !Le gouvernement français se retrouve actionnaire de Renault et de PSA. Chez Renault, il a laissé faire Carlos Ghosn. Chez PSA, il va aussi se faire le champion de la compétitivité. Il y en a marre de la fausse concurrence entre capitalistes sur notre dos. Pour l’emploi, un véritable contrôle public sur l’industrie automobile, exercé par les salariéEs et toute la population, est nécessaire et possible. Réquisition et expropriation des familles de rentiers !Le futur numéro 1 de PSA, Carlos Tavares, était jusqu’à l’été 2013, numéro 2 de Renault. Alors que ces nouveaux mercenaires passent avec bagages et documents chez le faux concurrent, ils osent parler confidentialité et intérêts d’entreprise. Lors de sa première rencontre avec les syndicats, Tavares a déclaré : « Cash is king ». « Le fric est le roi »... Dans l’automobile, ils sont les rois du cynisme.
Jean-Claude Vessilier