Publié le Vendredi 4 mars 2016 à 11h22.

PSA : « Out of the race », sortir de la course aux profits !

Comme les autres grandes entreprises françaises du secteur automobile, PSA affiche des résultats financiers florissants pour 2015. Avec un bénéfice de 1,2 milliard d’euros, la « marge opérationnelle » atteint 5 % du chiffre d’affaires...

A noter que le profit atteint des résultats inégalés dans tout le secteur automobile en France, avec des marges de 5 % pour Renault, 7,7 % pour Valéo et 4,4 % pour Faurecia. Le résultat est d’autant  plus spectaculaire pour PSA qui était en déficit il y a trois ans. Selon le slogan de son PDG, ex numéro 2 du Renault de Carlos Ghosn, PSA est « back in the race », de retour dans la course... aux profits !

Au total, on est passé entre 2013 et 2015 de 860 000 voitures produites en France par 91 000 salariés à 1 000 000 de voitures produites par 79 000 salariés. On produit plus avec moins de salariés ! Et le coût de production d’une voiture a baissé en moyenne de 1 000 euros. La fermeture de l’usine d’Aulnay en 2014 a été la pointe avancée d’une offensive qui concerne les salariés de tout le groupe.

Même si on a assisté en 2015 à une augmentation des ventes de voitures en Europe, les évolutions des ventes d’automobile comptent pour peu dans ce retour au profit. Ce qui est déterminant pour l’expliquer ? Le blocage des salaires, la baisse des effectifs, l’intensité du travail, une flexibilité accrue et les pressions sur les sous traitants.

C’est la précarisation du travail avec les intérimaires premiers éjectés. C’est la pratique de l’overtime, où l’heure de sortie du travail peut être retardée sans préavis en cas de panne des machines. L’externalisation des tâches concerne toutes les activités, du nettoyage à aujourd’hui la vente de l’activité informatique à la société Cap Gemini, où salariés et ordinateurs sont vendus dans le même « deal »... Toujours l’obsession du « cash » qui, dans ce cas, a entraîné une riposte inter sites des 200 informaticiens concernés. Lors des mouvements d’informaticiens de la mi-février, un pancarte fut déployée : « Out of the race ». Oui, il faut sortir de cette course aux profits !

Effets d’annonce

à l’annonce du bénéfice, la direction de PSA a annoncé une prime d’intéressement de 2000 euros en moyenne. Annonce embrouille, toutes retenues déduites, cela fait un minimum de 1 665 euros pour les ouvriers contre un maximum de 3 500 euros aux cadres. Et les trompettes de la direction oublient de signaler que l’année dernière, en plein déficit, la prime d’intéressement versée avait été de 1 000 euros. Bref, cela ne compense pas les pertes de pouvoir d’achat entraînées par le blocage des salaires depuis 3 ans qui de fait continue. Selon les dernières propositions de la direction,les augmentations générales de salaires pour 2016 seraient de 0,2 % pour les ouvriers, 8 euros de plus  sur la feuille de paie. Une véritable provocation entraînant un premier appel à débrayage le 1er mars.

Les profits d’aujourd’hui de PSA ne sont ni les investissements de demain ni les emplois d’après-demain. Si investissements il y a, ils seront d’abord affectés pour les nouvelles usines prévues en Europe centrale et au Maroc. Le retour au profit de PSA ne saurait non plus faire oublier qu’il se fonde sur sa spécialisation dans le domaine des moteurs Diesel, moteurs aux risques de plus en plus avérés. Voilà la course de la direction de PSA pour le « tout -automobile » : elle aboutit certes à des résultats effectifs pour le profit, mais à l’encontre des intérêts des salariés de l’automobile et de la majorité de la population empoisonnée par la pollution.

Là où se trouve une des principales usines PSA, le trio Valls-Macron-El Khomri s’est rendu mardi 23 février à Mulhouse. Parmi les manifestants contre cette démonstration de com, un ancien secrétaire du syndicat CGT PSA aujourd’hui retraité, Joël Moreau. Celui-ci a été mis en garde à vue toute une nuit, jugé vendredi 26 février, et condamné à 750 euros d’amendes, cela pour quelques mots, qualifiés d’injures, prononcés sur la voie publique !

Jean-Claude Vessillier