Publié le Jeudi 22 février 2018 à 06h41.

Sous-traitance : La Poste renvoyée en correctionnelle !

Le procureur a décidé de suivre les conclusions du juge du TGI de Paris et renvoie La Poste en correctionnelle pour prêt de main-d’œuvre illicite et délit de marchandage. 

Même si cette décision ne signifie pas qu’une condamnation sera prononcée, il s’agit tout de même d’une victoire pour les salariéEs du secteur de la distribution des colis, particulièrement surexploités. En effet, le recours à ce type de pratique est généralisé dans ce secteur. En Île-de-France, La Poste sous-traite ainsi la distribution de 80 % de ses colis ! De plus, pour elle, l’utilisation de ces salariéEs ne se limite pas à accroître illégalement ses profits : c’est aussi l’occasion de s’exempter de ses obligations en ce qui concerne les plans de prévention et de sécurité notamment ! L’inspection du travail a d’ailleurs établi des procès-verbaux ces derniers mois sur ce sujet. Bel exemple de la part d’une entreprise détenue à 100 % par des fonds publics et dont la tutelle est exercée par le ministre des Finances… Il est d’ailleurs hallucinant qu’interpellé sur ce dossier par la fédération Sud-PTT, ce ministère soit resté d’un silence assourdissant !

Urgence !

La date du jugement n’est pas encore connue. Nous sommes bien loin de la confrontation immédiate, réservée à d’autres justiciables… Le début de ce dossier remonte à six ans, à la suite de la mort d’un opérateur qui s’est noyé dans la Seine lorsqu’il distribuait les colis dans les péniches. Ce sont les plaintes de la famille et de Sud-PTT qui ont abouti à la décision du procureur. Et c’est aujourd’hui la responsabilité de l’ensemble des organisations syndicales de s’engager sans concession dans la lutte contre cette généralisation de la précarité et des conditions de travail inacceptables. Ce renvoi de La Poste en correctionnelle ne doit être qu’un début. Cet événement doit servir de levier pour s’opposer au sort de ces milliers de salariéEs, majoritairement étrangerEs sans droit et dans l’­insécurité sociale permanente.

Bruno Quignard