Publié le Vendredi 4 mars 2022 à 08h00.

Stellantis Mulhouse : surprofits pour les uns, précarité pour les autres

Le groupe Stellantis, fusion de PSA et Fiat Chrysler, vient d’annoncer des profits records de 13,4 milliards d’euros pour l’année 2021, et ce malgré le Covid-19 et la pénurie de semi-conducteurs, qui ont considérablement ralenti la production.

Ces profits ont pu être atteints par un ruissellement d’aides publiques, des suppressions d’emplois, le renvoi de milliers d’intérimaires et l’augmentation des marges sur chaque voiture qu’on produit. En effet, nous sommes de moins en moins nombreux, nos salaires n’augmentent pas et on produit avec des cadences de dingues. La conclusion des NAO (négociations annuelles obligatoires sur les salaires) a eu lieu la veille de l’annonce des bénéfices et nous n’avons obtenu que 42 euros net d’augmentation générale, des miettes par rapport à l’augmentation des prix actuelle et à venir, et une prime d’intéressement de 3 600 euros net alors que, pour les 2 milliards de profits pour l’année 2020, cette prime avait été de 2 700 euros. Et bien sûr, rien pour les intérimaires. Bref, plus Stellantis fait de l’argent sur notre dos, moins on en a.

Les conditions de travail sont un repoussoir

Les quelques débrayages sur le groupe n’ont pour le moment pas été suffisants pour changer le climat dans les ateliers. À Mulhouse, les principaux secteurs sont à l’arrêt depuis une semaine à 15 jours du fait du manque de pièces. Les intérimaires sont payés 50 euros/jour qui leur seront déduits quand leur mission s’arrêtera.

Ce qui est marquant, ce sont les difficultés que rencontre la direction pour recruter des intérimaires. Une deuxième équipe a été lancée après les congés de Noël, et celle-ci n’est toujours pas complète car les intérimaires ne restent pas, tant à cause de la pénibilité des conditions de travail, les pressions dans l’organisation du travail, et bien sûr à cause des salaires minables. L’année dernière, la direction avait renvoyé près de 500 intérimaires à peine formés du fait de la pénurie de pièces. Maintenant, elle annonce la création d’une équipe de nuit qui aurait dû démarrer mi- mars, finalement repoussée à fin avril du fait des difficultés de recruter 850 intérimaires supplémentaires. Pour recruter, la direction et les agences d’interim organisent des « job dating » dans les quartiers populaires de Mulhouse. On a même vu dans la presse une responsable d’agence espérer que la nouvelle réforme de l’assurance chômage contraindra les ­intérimaires à postuler chez PSA…

Les salaires comme les conditions de travail sont des repoussoirs. PSA n’est pas près de se faire une image de marque attirante pour la jeunesse !