96,6 % : c’est le score a priori sans appel recueilli par le Oui au référendum sur l’accord sur le travail en soirée au magasin Sephora des Champs-Élysées. Un plébiscite savamment organisé, dont les médias, détenus à 95 % par des milliardaires, se sont fait les chantres mais qui ne résiste par à un examen précis.
Outre la question posée qui revenait à demander à ceux qui ne voient pas d’inconvénient à ce que d’autres acceptent les tâches qu’eux-mêmes ne veulent pas assumer et la mise à l’écart des organisations hostiles à cet accord (voir l’Anticapitaliste n°306), il faut retenir que la participation s’est élevée à 85 % et surtout que seuls les salariéEs sous contrat avec Sephora depuis plus de trois mois pouvaient voter.
Interdiction donc de s’exprimer pour ceux en CDD ou récemment embauchés (le turn-over frise les 30 %), ainsi que pour les nombreux employéEs mis à disposition par les marques, ce qui ne les empêchera pas d’être « volontaires » pour travailler après 21 heures. Pour autant, la fin de l’histoire n’est pas sifflée, SUD déclarant vouloir attaquer en justice cet accord, illégal sur plusieurs points.
Quand Macron fait des émules
Il n’en fallait pas plus pour que Laurent Wauquiez prône le référendum comme solution pour passer outre les syndicats qui « font du blocage »...
La Redoute compte mettre en œuvre un tirage au sort pour réunir le nombre de salariéEs nécessaire à l’extension du travail nocturne afin de réduire ses délais de livraison. Le hic pour le patron, c’est que les mères de famille, qui composent l’essentiel du personnel, ne font pas preuve du même enthousiasme que les vendeurs de Sephora…
Et, comme le pire n’est jamais certain, Abercrombie & Fitch ne s’embarrasse ni de négocier ni de mettre en place des contreparties, pourtant obligatoires, au travail dominical et nocturne : la consultation sur l’extension des horaires d’ouverture précise que « les salariéEs amenés à travailler le dimanche percevront une rémunération identique à celle des autres jours » et que les heures de nuit seront majorées à 25 %, contre 100 % prévu par la loi ! Autant de raisons de se révolter, de faire grève et de manifester ce jeudi 15 octobre1.
LD
- 1. À partir de 11 h à l’Hôtel de ville de Paris.