Un combat exemplaire et une détermination sans faille, jusqu’à la victoire !
Le 26 mars, les postierEs du 92 ont fêté leur un an de grève reconductible. Cela paraît impensable en l’écrivant. C’est pourtant le combat qu’ont engagé 150 postierEs du département des Hauts-de-Seine. Aucun d’entre elles et eux n’aurait imaginé, lorsqu’ils et elles se sont mis en grève le 26 mars 2018, que ce conflit prendrait cette ampleur et cette durée.
Le 26 mars 2018, lorsque les postierEs des Hauts-de-Seine apprennent que Muriel Pénicaud, ministre du travail, a autorisé le licenciement de Gaël Quirante, secrétaire départemental de Sud Poste 92, syndicat majoritaire sur le département, ils et elles se mettent massivement en grève. De quel droit Pénicaud, qui a été épinglée à 671 reprises pour infractions au code du travail lorsqu’elle était chef d’entreprise, se permet-elle de licencier, pour des faits syndicaux, le secrétaire du syndicat majoritaire ?!
Cette décision n’indigne pas uniquement les postierEs, puisqu’un large soutien syndical et politique s’exprime le soir même lors d’un grand rassemblement devant le ministère du Travail, en présence entre autres de Jean-Luc Mélenchon, Olivier Besancenot ou Éric Coquerel.
Contre la politique managériale de La Poste
Avec ce soutien massif et l’écho médiatique de ce scandale, les postierEs du 92 espèrent mettre assez de pression sur la direction de la Poste pour qu’elle ne procède pas au licenciement malgré l’autorisation accordée. Voilà pourquoi ils et elles partent en grève reconductible à plus de 150 sur des communes aussi emblématiques que Neuilly-sur-Seine ou Boulogne-Billancourt. Ils et elles veulent aussi profiter de l’écho de cette affaire pour mettre sur le devant de la scène la réalité des conditions de travail dans cette entreprise qui, malgré des missions de service public, est gérée avec une politique managériale dont le but est d’engranger un profit maximal,quels que soient les moyens employés, au prix de la santé et même de la vie de ses salariés. Comme à France Télécom il y a quelques années, la Poste doit en effet faire face à des vagues de suicides chez ses salariéEs.
Voilà pourquoi, dès le 2e jour de grève, au-delà du licenciement de Gaël Quirante, les revendications s’élargissent aux conditions de travail : l’embauche des intérimaires et le refus des réorganisations qui ont pour conséquences de supprimer des tournées et des emplois et d’augmenter la charge de travail pour les agents.
Attitude guerrière de la direction
Dès le début du conflit, la direction de La Poste a adopté une attitude extrêmement violente vis-à-vis des grévistes. Dès le premier mois, elle met toutes les paies à zéro euro et refuse d’ouvrir des négociations pendant presque 11 mois. Voilà sans doute la principale explication à la longueur de cette grève.
Pourquoi la direction de la Poste adopte-t-elle cette attitude guerrière ? Tout simplement parce que cette grève met le doigt sur un fait évident qui lui fait mal : La Poste vole du temps de travail à ses salariéEs. Toute la stratégie actuelle de l’entreprise est de supprimer des emplois et de faire endosser de nouveaux « services » à ses salariéEs, au motif que le trafic du courrier baisserait. Or la direction de l’entreprise est dans l’incapacité de prouver qu’il y a effectivement une baisse de la charge de travail. Parce que c’est tout simplement faux ! Le nombre de lettres a certes diminué, mais le nombre de colis et d’encombrants a explosé. La Poste a été condamnée 22 fois en justice pour avoir sous-estimé la charge de travail réellement effectuée. Mais reconnaître ce vol de temps de travail reviendrait à remettre en cause toute la stratégie mise en place pour augmenter les profits. Voilà pourquoi elle a décidé d’engager un réel bras de fer. Refus de négocier, paies à zéro euros, retrait aux grévistes des tickets restaurants, suppression du complément familial et des mutuelles, répression avec intervention de la police dans les centres, convocations au commissariat, et même violences physiques de cadres à l’encontre des grévistes : voilà les méthodes employées.
Détermination des grévistes
Mais la direction ne se doutait pas à quel point la détermination ouvrière était puissante. À chaque intervention que font les grévistes, ils et elles le répètent : aucunE des 150 postierEs engagés dans ce conflit ne reprendra le boulot sans avoir gagné ! Ils et elles reprendront la tête haute !
Pourquoi et comment tiennent-ils ? Tout d’abord parce que, grâce à ce conflit, ils et elles ont retrouvé leur dignité. En refusant de se faire broyer par le patronat, ils et elles sont redevenus quelqu’un, ils et elles ont repris le contrôle de leurs vies. Chaque jour en assemblée générale, ce sont elles et eux qui décident, et non leurs chefs.
Ils et elles tiennent grâce à la conviction profonde qu’ils et elles vont gagner ! Leur popularité ne fait que grandir au fil des mois. Dans toutes les manifestations, les meetings, les réunions dans lesquels ils et elles se déplacent, des jeunes, des salariéEs leur témoignent leur solidarité, leur respect, leur gratitude. Pour avoir osé relever la tête, ils et elles redonnent confiance à des milliers de salariéEs et deviennent un exemple à suivre. Ils et elles ne sont pas isolés. Ils et elles sont soutenus par des personnalités politiques, syndicales, des artistes, des intellectuelEs. Ils et elles sont entourés et aidés par un collectif de soutien d’usagerEs. Ils et elles savent que leur victoire serait un formidable encouragement pour toutes celles et tous ceux qui se battent et expriment leur colère, comme dans l’Éducation nationale actuellement contre les réformes Blanquer, comme les jeunes dans les lycées ou les universités, comme celles et ceux qui se retrouvent dans les manifestations le samedi au côté des Gilets jaunes…
Et ils et elles tiennent aussi et surtout grâce à la caisse de grève mise en place dès le début du conflit, qui réalise l’exploit de collecter chaque mois l’argent permettant aux grévistes et à leurs familles d’assurer le minimum vital. Mais, au bout de 12 mois, réussir cet exploit tous les mois relève d’une épreuve de force. Alors plus que jamais ils et elles ont besoin de vos dons.
De premières victoires
La grève a déjà remporté quelques victoires. Comme il est illégal de remplacer des grévistes en embauchant des intérimaires et que la direction ne trouvait pas de facteurs titulaires volontaires pour effectuer les tournées des grévistes, elle a été obligée d’embaucher en CDI les intérimaires.
La poste a d’ores et déjà subi une grande défaite lorsque la cour d’appel de Versailles a confirmé que Gaël Quirante pourrait continuer à être représentant syndical et pourrait donc continuer à intervenir dans les centres postaux. Malgré le licenciement, ils n’ont pas réussi à se débarrasser de lui, ils n’ont pas réussi à faire taire cette équipe syndicale qui continue à défendre au quotidien les conditions de travail des postiers et postières.
Depuis le mois de janvier, les grévistes ont tout fait pour obtenir l’ouverture de négociations. Ils et elles se sont rendus dans tous les sièges sociaux de La Poste, ils et elles ont occupé les bureaux de tous leurs responsables et dirigeants, ils et elles ont interpellé les responsables politiques du gouvernement et en premier lieu Bruno Le Maire, leur ministre de tutelle.
Ces actions ont porté leurs fruits. Depuis le 1er mars, un processus de négociations s’est enfin ouvert. Pour les grévistes, il est clair qu’ils et elles ne reprendront pas le travail sans la signature d’un protocole de fin de conflit satisfaisant les principaux points de leurs revendications, à savoir le report des réorganisations.
Les postierEs du 92 sont donc prêts à tenir encore. Pour cela ils et elles ont besoin du soutien le plus large possible : individus, structures syndicales, politiques, associatives, acteurE culturel, personnalités, intellectuelEs.
Le 7 avril prochain, les grévistes du 92 organisent un grand concert de soutien à la Bellevilloise à Paris. Venez nombreux et nombreuses !
Correspondant
Adressez vos dons à la caisse de grève et vos messages de soutien
- Sur internet : https://www.lepotcommun.fr/pot/kgmfkl66- Virement : sur le compte SUD POSTE HAUTS DE SEINE : IBAN FR76 4255 9100 0008 0033 2571 214- Chèques à l’ordre de SUD Poste 92, mention « solidarité grévistes au dos » à envoyer à SUD Poste 92, 51 rue Jean Bonal 92250 La Garenne-Colombes