L’affaire Weinstein aura secoué la planète entière, mais cela ne sort pas de nulle part. Cela fait plusieurs années à présent que dans de nombreux pays du monde les femmes se mobilisent massivement pour leurs droits et contre leur oppression.
La question des violences qu’elles subissent est devenue une question centrale, comme en témoigne le mouvement Ni Una Menos en Argentine et Non Una di Meno en Italie (pas une de moins). Ce sont loin d’être les seuls endroits du monde où les femmes se mobilisent : on a pu voir dans l’État espagnol des mobilisations remarquables, notamment sur la question de l’avortement, tout comme en Pologne, ou encore aux États-Unis avec la Women’s march contre la politique de Trump.
Une nouvelle génération féministe
Une nouvelle génération se politise et se radicalise sur la question des violences faites aux femmes mais aussi sur l’ensemble des questions féministes, tout en remettant en cause le système dans son entièreté. En effet la force de MeToo, cadre auto-organisé qui se réunit à la suite du 29 octobre, a bien été de montrer la question systémique des violences faites aux femmes. Les récentes enquêtes réalisées dans la foulée de cette mobilisation, dont celles de l’Ifop, sont venues conforter ces constats.
En France, la mobilisation n’a pas pour l’instant pris un caractère massif. Cependant, la libération de la parole a donné du souffle au mouvement féministe, qui était en difficulté et très divisé, comme en a témoigné la manifestation du 25 novembre et ensuite la manifestation du 27 janvier à Paris, impulsée par l’assemblée MeToo. Les liens de solidarité entre les femmes commencent à se reconstruire, et commencent à se (re)constituer des groupes de parole, d’action, de réflexion. C’est l’émergence d’une nouvelle génération militante. Et c’est une première étape dans la reconstruction du rapport de forces.
Pour quelle revendications ?
Cet embryon de mobilisation a quand même poussé le gouvernement Macron à annoncer un plan contre les violences faites aux femmes. Évidemment, ces annonces sans financement sont une vaste blague, quand les mesures ne servent pas en réalité à réprimer plus, comme c’est le cas de la loi sur le harcèlement de rue. Mais les annonces de Macron ont montré quelle force ont les femmes quand elles se mobilisent, puisque le gouvernement s’est senti obligé de proposer quelque chose.
La question de nos revendications se pose très clairement, pour construire un mouvement de masse dans la durée qui soit en capacité de gagner. Sur la question des violences, nous ne pourrons faire l’économie d’une loi-cadre, mais avec un financement pour les associations féministes, un service public d’hébergement, des moyens pour une éducation non sexiste.
La question de l’égalité salariale est bien évidemment une revendication cruciale, tout comme la question d’un service public de qualité, donc la fin des suppressions de postes, l’embauche massive de personnel, l’arrêt de la casse de l’éducation, et l’abrogation des « lois travail » qui rendent la situation des femmes encore plus difficile dans le monde du travail.
Une stratégie pour un mouvement de masse
La question des revendications est essentielle pour unifier le mouvement féministe et construire un mouvement de masse. Cela montre aussi qu’il est possible de changer les choses, que cette situation n’est pas un état de fait. Nous devons avoir un plan pour changer le rapport de forces, comme l’ont fait nos camarades italiennes et argentines. Les femmes sont à même de proposer les changements dont elles ont besoin, mais pour y parvenir nous devons construire un mouvement féministe fort et inclusif. Pour mettre fin à notre oppression, il faudra un véritable changement de système, c’est pourquoi il est primordial de lier nos luttes féministes à celles du monde du travail (et inversement), à celles de l’ensemble des exploitéEs et des oppriméEs. À la veille du 17 mars, marche des solidarités, et du 22 mars contre la casse du service public, mobilisons nous touTEs !