Publié le Mercredi 8 décembre 2021 à 08h28.

Violences sexistes dans nos organisations, c’est non aussi !

Une tribune intitulée « Ensemble, contre les violences sexistes et sexuelles dans nos organisations ! » est sortie le 23 novembre à l’occasion de la journée internationale contre les violences faites aux femmes. Le NPA en est signataire.

À l’initiative de la CGT, des dirigeantes féministes syndicales et politiques ont échangé sur la prise en charge par leurs organisations des incidents de violence, du harcèlement sexiste et sexuel, sur leurs procédures, l’accompagnement de la victime, les sanctions… Cette tribune est l’aboutissement de ces discussions.

Une tribune des organisations syndicales et politiques

L’échange a été productif et important car nous sommes confrontées à des problèmes similaires et parfois aux mêmes auteurs de violences. Cette mise en commun, les relations nouées, nous aideront à gérer le passage des agresseurs d’une organisation à l’autre ou leur présence dans deux organisations (syndicat et parti), dans les manifestations ou autres espaces communs du mouvement ouvrier. La tribune souligne également l’importance de la prise en charge des victimes en interne et en externe par une solidarité humaine et matérielle – y compris juridique – ainsi que la priorité à mettre sur la prévention. Cela passe notamment par le partenariat avec les associations féministes de lutte contre les violences et donc le ­financement de celles-ci.

Même si les organisations signataires de la tribune sont de nature différente, et avec des stratégies et programmes différents, les éléments de solidarités dégagés sont intéressants du point de vue de la lutte contre les violences sexistes et sexuelles dans le milieu militant.

En parallèle, une tribune, signée notamment de femmes élues et universitaires, a été publiée le 15 novembre appelant à « écarter les auteurs de violences sexuelles et sexistes de la vie politique ». Elle souligne que « trois candidats ou potentiellement candidats à l’Élysée sont déjà cités dans de nombreux témoignages d’agressions sexuelles. » Ces deux tribunes et les mobilisations actuelles montrent à quel point la question des violences sexistes et sexuelles est devenue importante.

Dans nos organisations aussi, il faut lutter contre les violences sexistes et sexuelles

Il peut sembler paradoxal qu’au sein d’organisations qui luttent pour un monde meilleur et tentent d’améliorer les conditions de vie, nous devions faire face à de tels comportements. Malheureusement la société dans laquelle nous vivons touTEs est sexiste, raciste, lgbtiphobe et les militantEs qui les ­composent n’en sont pas exemptEs

Dès sa fondation, le NPA a reconnu la lutte pour la libération des femmes comme faisant partie intégrante de sa lutte contre le capitalisme et pour révolutionner la société, et la nécessité, dans son sein, de faire un effort de formation sur ces questions.

À l’instar de la LCR, son courant fondateur, le NPA a mis en place une commission qui peut être saisie pour enquêter sur des accusations de violence sous toutes ses formes, aussi bien verbales que physiques. Cette commission élue est indépendante de la direction du parti et ses recommandations s’adressent au comité de base de l’agresseur. Les sanctions peuvent aller d’un blâme à l’exclusion, en passant par la suspension de tout ou partie des droits de militant. Nos statuts prévoient que, dès la saisine enregistrée, l’agresseur soit suspendu jusqu’à la conclusion de l’enquête. Ceci ne préjuge pas de l’issue de l’enquête mais nous croyons a priori l’autrice de la saisine, nous considérons que ce sont ses droits qui doivent être protégés en priorité et nous ne demandons pas à une victime de continuer de militer dans le même espace que son agresseur. Nous ne nous substituons pas au système juridique, notre but est que touTEs les camarades, et notamment celles et ceux qui subissent une oppression spécifique, puissent se sentir à l’aise dans l’organisation, y trouver de la solidarité. C’est pourquoi, dès sa fondation, le NPA a prévu la tenue de réunions non mixtes pour permettre aux camarades de se sentir plus fortes.

Une organisation ouverte aux mouvements sociaux est forcément percutée par les mouvements comme #MeToo. Nous continuerons à nourrir notre réflexion des apports de tels mouvements, à les intégrer à notre cadre de pensée marxiste afin de mieux comprendre, mieux agir. Nous continuerons à travailler avec d’autres forces qui sont disponibles pour avancer la réflexion et construire ces mouvements qui se battent sur des terrains fondamentaux comme les oppressions spécifiques, l’écologie, les droits sociaux…

https://lanticapitaliste.org/actualite/feminisme/ensemble-contre-les-violences-sexistes-et-sexuelles-dans-nos-organisations