Publié le Jeudi 24 avril 2014 à 00h26.

L’égalité hommes - femmes reste à gagner !

Il y a 70 ans, le 21 avril 1944, les femmes obtenaient l’accès au vote. Ce droit a été gagné par les mobilisations massives et internationales de ce qu’on a appelé par la suite le « féminisme de la première vague », centré sur l’égalité des droits civiques. Des droits civiques qui n’ont pas tous été acquis en 1944 : ce n’est que depuis1965 que les femmes peuvent exercer une profession sans l’accord de leur mari et gérer leurs biens propres...

Avant son obtention, l’accès au droit de vote a longtemps été présenté par les féministes réformistes comme la mesure qui permettrait de mettre fin à l’oppression des femmes. Force est de constater que cela n’a pas eu les effets escomptés ! Aujourd’hui encore, le taux d’emploi des femmes chute brutalement dès lors qu’elles ont deux enfants en bas âge (66 % contre 97 % pour les hommes). Les femmes représentent 80 % des emplois à temps partiel, et la différence moyenne de salaire entre un homme et une femme est de 24 %. Même à poste égal, à temps plein, dans le même secteur, un écart de 9 %, qualifié par les politiques et les économistes d’« inexpliqué » se maintient. Avec les dernières réformes, l’écart des retraites se creuse : les retraites des femmes s’élèvent en moyenne à 932 euros contre 1 603 euros pour les hommes.

Au-delà du champ professionnel, la situation des femmes ne s’améliore pas. Celles-ci assument toujours 72 % des tâches domestiques, soit 34 heures par semaine en moyenne. Chaque année, 201 000 femmes sont victimes de violences physiques et/ou sexuelles de la part de leur conjoint ou ex-conjoint, et 83 000 sont victimes de viols ou de tentatives de viols. Et les réformes hospitalières qui ont provoqué la fermeture massive de centres IVG et de maternités mettent en danger la santé des femmes.

Où est donc le progrès sociétal qui devait mécaniquement découler de l’obtention du droit de vote ?Si le droit de vote ne permet pas de faire valoir l’intérêt de la majorité – car oui, les femmes représentent la majorité de la population – c’est que la prétendue démocratie dans laquelle nous vivons défend bien, d’abord et avant tout, les intérêts du capitalisme et du patriarcat.

Alors n’oublions pas que nos droits ne tombent pas du ciel par la magie de « l’histoire en marche ». Ils ont tous été arrachés par les luttes, des luttes toujours nécessaires pour les conserver... et en conquérir davantage !

Chloé Moindreau