Les sages-femmes sont en grève illimitée et massive depuis mi-octobre et deux nouvelles journées de manifestations sont prévues les 7 et 13 novembre. Leurs revendications sont essentielles pour elles et pour toutes les femmes.
Comme elles assurent encore les consultations d’urgence et les accouchements et que les médias relayent peu ce genre de mobilisation, leur mouvement reste peu visible. Comme toutes les professions « féminines », celle des sages-femmes est dévalorisée et sous-payée. Leurs compétences seraient « naturelles », ne nécessiteraient pas de formation spécifique et n’auraient donc pas besoin d’être reconnues.
Statuts et salaires : une non-reconnaissancePourtant la formation des sages-femmes est aujourd’hui sanctionnée par un master, soit 5 années d’études supérieures ! Elles/ils reçoivent près de 200 heures de formation en gynécologie alors que les médecins généralistes n’en ont que 40. Depuis 2012, elles/ils peuvent prescrire les contraceptifs, se retrouvent régulièrement à effectuer des actes sous délégation des médecins notamment dans le cadre des IVG, et leurs responsabilités ne cessent d’augmenter. Et pourtant, elles/ils restent assimiléEs à des professions paramédicales et leur salaire de début de carrière à l’hôpital est de moins de 2 000 euros brut par mois.
Des revendications pour elles, pour nous, les femmesEn revendiquant aujourd’hui le statut de praticiens hospitaliers (ce qui peut faire débat) et la revalorisation de leurs salaires, les sages-femmes réclament la reconnaissance de leur métier. Comme c’est déjà partiellement le cas, elles souhaitent suivre les femmes dans les situations « normales », parce qu’être une femme, être enceinte ou accoucher, ce n’est pas une maladie mais cela implique des soins et des compétences spécifiques. Elles/ils ne demandent pas de remplacer d’autres professions, notamment les gynécologues médicaux puisque en cas de pathologie ou de complications, c’est vers ceux-ci que les femmes sont orientées. En améliorant la prise en charge quotidienne des femmes pour tout ce qui a trait à la sexualité, la contraception, les IVG, les infections sexuellement transmissibles, ou les violences faites aux femmes, l’amélioration du statut des sages-femmes doit permettre l’amélioration de la prise en charge de la santé de toutes les femmes.Contre les politiques d’austérité et la casse du service public de la santéDans le contexte actuel de fermeture des centres IVG, des maternités, de la pénurie de médecins et en particulier de gynécologues, avec la loi HPST, on peut légitimement craindre qu’en transférant aux sages-femmes certains actes assumés précédemment par les médecins, l’État cherche à faire des économies sur le dos de la santé des femmes. C’est pour cela qu’il s’agit d’inclure les revendications des sages-femmes dans la cadre de la lutte contre les politiques d’austérité et leurs conséquences : abrogation de la loi HPST, pour un service public de la santé à la hauteur des besoins, embauches massives de soignantEs, amélioration de la formation des médecins généralistes sur les questions spécifiques à la santé des femmes, contre la fermeture des CIVG et des maternités, remboursement intégral de toutes les contraceptions et de l’IVG, revalorisation du statut et des salaires des sages-femmes… pour le droit des femmes de choisir pour tout ce qui concerne leur santé, de disposer librement leur corps !Elsa Collonges