Harcèlement ou agressions sexuelles, tel est trop souvent le lot des femmes dans les transports en commun. Une entrave de plus à leur liberté.
Selon un rapport du Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes, 100 % des utilisatrices des transports en commun ont été victimes au moins une fois dans leur vie de harcèlement sexiste ou d’agressions sexuelles. Dans les transports d’Île-de-France, 6 femmes sur 10 craignent une agression ou un vol, contre 3 hommes sur 10. Et dans plus de 50 % des cas, la première agression intervient avant 18 ans.
Le harcèlement sexiste peut prendre des formes diverses : des sifflements et commentaires sur le physique (non punis par la loi, mais insupportables) aux injures, harcèlement sexuel, agressions sexuelles (mains aux fesses, « frottements », etc.) et au viol. La frontière entre harcèlement sexiste et violences sexuelles est poreuse : une agression peut commencer par du harcèlement sexiste (déclenché, par exemple, par une tentative de drague sans succès) et se poursuivre par des violences sexuelles.
Au-delà de l’impact direct des violences sur celles qui en ont été victimes, l’existence de harcèlements et de risques d’agression dans les transports en commun crée chez de nombreuses femmes un sentiment d’insécurité qui peut entraîner des états de stress.
Une limitation de la liberté des femmes
C’est la libre circulation des femmes qui est limitée lorsque leurs sorties s’accompagnent de précautions. Des femmes interrogées indiquent par exemple choisir le plus souvent de porter un pantalon et un sac en bandoulière lorsqu’elles utilisent les transports en soirée ou la nuit, en prévention d’éventuelles sollicitations de la part des hommes. Elles disent également réfléchir aux moyens de transport (tel bus plutôt que tel train, etc.), aux horaires, à la possibilité de se faire accompagner ou non, etc.
En fait, le machisme est présent partout. Le paradoxe des phénomènes de harcèlement sexiste et de violence sexuelle dans les transports en commun est que ces phénomènes sont si fréquents qu’ils sont banalisés, voire considérés comme inévitables. Au contraire, il faut exprimer clairement que ces comportements ne sont plus acceptables et doivent être combattus. Et pas par la fausse piste de wagons réservés aux femmes dans le métro, comme le propose la ministre des Transports britannique. Ces wagons pourraient peut-être limiter le harcèlement le temps d’un trajet, mais quid après la sortie du wagon ? Jusqu’à présent, la ségrégation d’une partie de la population n’a jamais aidé à améliorer sa situation... Ce sont bien les comportements masculins qu’il faut changer.
Henri Wilno