Il y a 60 ans, le 17 janvier 1961, était assassiné Patrice Lumumba, Premier ministre du Congo-ex belge. S’il devait y avoir une palme des pires régimes coloniaux, la Belgique pourrait y prétendre. Le territoire a d’abord été, de 1885 à 1908, propriété personnelle du roi des Belges. La colonie devait être rentable : elle le devint grâce au caoutchouc naturel et au travail forcé. L’administration a organisé la torture et la mutilation des AfricainEs qui cherchaient à se soustraire au travail forcé ou qui n’étaient pas jugés suffisamment productifs.
En 1908, le Congo devint directement une colonie de la Belgique. Cela mit fin aux pires exactions mais le travail forcé subsista tandis que l’économie se diversifiait. Les AfricainEs, privés de droits politiques, étaient maintenus dans une position totalement subordonnée.
La fin de la Seconde Guerre mondiale est marquée par des révoltes et des grèves. Le mouvement pour l’indépendance se développe. Mais le Congo devient un enjeu stratégique du fait de sa richesse en matières premières. Les États-Unis négocient ainsi un droit de préemption sur l’uranium de la colonie pour le développement de leur armement nucléaire.
Lumumba est d’abord un indépendantiste modéré. Puis ses positions évoluent. En décembre 1958, il participe à la conférence des peuples africains à Accra au Ghana. Il dirige le MNC (mouvement national congolais). En octobre 1959, lors du congrès national du MNC, les gendarmes tirent sur la foule, faisant 30 morts et des centaines de blessés. Lumumba est arrêté. Les Belges essaient de le contourner en engageant des négociations avec des nationalistes plus modérés. Mais cela est impossible : Lumumba est trop populaire.
Les Belges décident d’accorder l’indépendance au Congo le 30 juin 1960. Mais pour les colonialistes belges et les impérialistes occidentaux, l’objectif (pour reprendre la fameuse phrase du roman italien le Guépard) est que « tout change pour que rien ne change ». Et Lumumba, devenu Premier ministre, est un obstacle. Il ne veut pas se couler dans le moule du néocolonialisme comme d’autres dirigeants africains. Dès lors, Belges et Américains vont, avec leurs complices locaux, tout faire pour l’éliminer. Un coup d’État mené par Joseph-Désiré Mobutu et soutenu par la CIA éclate. Lumumba est arrêté. Le 17 janvier 1961, il sera torturé puis assassiné par des Congolais et des Belges. Son corps est dissous dans l’acide. Mobutu prend le pouvoir, soutenu par la Belgique, les États-Unis ainsi que la France. Il règnera jusqu’en 1997.
En 1964, Che Guevara déclarait dans un discours : « Aujourd’hui, le souvenir plus présent, plus poignant que tout autre est certainement celui du Congo et de Lumumba. Aujourd’hui, dans ce Congo si éloigné de nous et pourtant tellement présent, il y a une histoire que nous devons connaître et une expérience qui doit nous être utile. »
À lire sur le site de la Gauche anticapitaliste belge « En mémoire de Patrice Lumumba, assassiné le 17 janvier 1961 », par Éric Toussaint.