Dans la nuit du 31 décembre au 1er janvier, la ville de Cologne a été le théâtre d’attaques en masse contre des femmes. La nature de ces attaques est inédite. Des agressions similaires mais moins massives se sont déroulées à Hambourg et Stuttgart.
Selon la police, jusqu’à mille hommes ont agressé des femmes sur la place devant la gare centrale entre 22 heures et 5 heures du matin. Les femmes ont été encerclées par des groupes d’hommes, insultées, volées et sexuellement agressées. […] 143 agents de la police locale étaient présents sur place ainsi que 70 agents de la police fédérale à l’intérieur de la gare, incapables de répondre à la situation.
La police en question
Selon un rapport interne de la police qui a fait a fait les choux gras des médias, la police a contrôlé l’identité de 71 hommes, mis 11 hommes en garde à vue et inculpé 32 personnes. D’après ce rapport, l’immense majorité des personnes n’avait comme seuls papiers qu’une carte d’enregistrement de l’Office fédéral pour les migrants et les réfugiés. Selon ce rapport, parmi les 32 inculpés se trouvent 10 Algériens, 10 Marocains, 4 Syriens, 5 Iraniens, un Irakien, un Serbe et un citoyen américain. 22 sont demandeurs d’asile. Depuis, plus de 600 personnes ont été inculpées, 40 à 45 % d’entre eux pour harcèlement sexuel, le reste principalement pour vol, les deux allant souvent de pair.La police a quitté la place à 23h35, mais sans avoir la situation en main, et n’a pas pu empêcher des centaines d’hommes de faire une chasse aux femmes. Par la suite, la direction de la police a subi une pluie de critiques et le chef de la police de Cologne a dû démissionner.
Trois problèmes doivent principalement être soulevés. La police était-elle au courant dès 21h30 des incidents qui avaient éclaté sur la place impliquant de jeunes hommes ? Aucune précaution n’a été prise. La direction de la police de Cologne et le ministère de l’Intérieur de l’État fédéral de Rhénanie du Nord Westphalie se renvoient mutuellement la responsabilité de cet échec. De plus, après l’événement, la police a essayé de cacher ce qui s’était vraiment passé pendant la Saint-Sylvestre. Enfin, quand la police est intervenue, elle l’a fait surtout pour des vols. Des femmes victimes de harcèlement sexuel ont déclaré que la police s’est contentée de « regarder ». Même une femme officier sexuellement agressée dans la foule n’a obtenu aucune aide de ses collègues... Un comportement cohérent avec l’attitude de la police et des autorités judiciaires en Allemagne vis-à-vis du harcèlement sexuel, encore considéré comme une « peccadille » et qui n’est pas punie par la loi pénale. Cette question est au centre de la critique des organisations féministes.
Contre l’instrumentalisation, la solidarité !A juste titre, la gauche politique a protesté contre l’instrumentalisation des événements pour aggraver encore la politique d’accueil des réfugiéEs, ce qui est l’objectif de l’aile droite AFD et de Pegida. Mais la gauche a du mal à reconnaître que ces dernières années (avant même la vague d’immigration actuelle !), des gangs d’Afrique du Nord sont présents dans les villes allemandes.[...] Comment le désespoir qui prévaut dans les sociétés d’Afrique du Nord pourrait-il ne pas avoir d’effets dans les rues des villes en Allemagne ?Nous devrons apprendre à condamner de tels actes, sans les assimiler à des identités culturelles comme le font ceux qui cherchent avant tout à exclure. Face à cette attitude, nous devrions rappeler que le vernis d’un « comportement civilisé envers les femmes » est assez mince. Le temps où les femmes étaient victimes de harcèlement sexuel débridé n’est pas si loin. C’est le nouveau mouvement féministe qui a fait reculer les comportements machistes. Avec la réaction droitière actuelle, ces comportements pourraient à nouveau gagner du terrain.
Certains éléments permettent cependant de garder espoir. Tout d’abord, le fait qu’après cette nuit du Nouvel An, de nombreuses femmes étaient prêtes à porter plainte. Le fait ensuite que de nombreuses organisations et initiatives féministes critiquent la relativisation de la gravité du harcèlement sexuel, exigeant sa pénalisation et surtout condamnant à la quasi-unanimité toute tentative de récupération xénophobe qui vise, au nom des femmes, à aggraver les « lois d’asile ».Une semaine après les événements, une manifestation de femmes à Cologne rejoignait une manifestation contre le mouvement Pegida. Et le samedi 16 janvier, des migrants syriens appelaient à une manifestation en solidarité avec les femmes victimes de violence. Des exemples encourageants pour une solidarité entre les parties les plus discriminées de la population.
De Berlin, Angela Klein(Traduit par Raymond Adams - Intertitres de la rédaction)