Comme un démenti cinglant à ceux qui nous répètent à l’envi que « la culture, ce n’est pas politique » et que les appels au boycott de l’Eurovision en Israël (14-18 mai) sont injustifiés, l’audiovisuel public israélien Kan a diffusé, le 10 mai, un clip de promotion de l’événement dans lequel est célébrée « Jérusalem, notre capitale bien-aimée ». Le spot de propagande de 4 minutes s’ouvre par cette phrase : « Nous savons que vous avez entendu dire que nous sommes un pays de guerre et d’occupation, mais nous avons tellement plus à offrir ». Et le clip de célébrer, sur un ton qui se veut humoristique, l’État d’Israël, ce « petit pays qui a une grande fierté », « la terre du lait et du miel », et autres fadaises.
France Télévisions, qui diffusera l’Eurovision, n’en démord pas : « La musique, qui n’a pas de frontière, en est son essence, avec pour ambition universelle le dialogue entre les peuples, l’ouverture et le vivre-ensemble. » Lorsque l’on sait que Benyamin Netanyahou lui-même avait félicité l’israélienne Netta Barzilai, gagnante de l’Eurovision 2018, pour avoir « accompli un travail exceptionnel en matière de relations extérieures », on ne peut qu’être d’accord avec la centaine d’artistes et de créateurEs qui ont signé, en France, un appel au boycott de l’Eurovision : « Nous, artistes et travailleurEs culturels français qui signons cet appel, n’irons pas à Tel Aviv blanchir le système de discriminations légales et d’exclusion qui y sévit contre les Palestiniens, et nous appelons France Télévisions et la délégation française à ne pas servir de caution au régime qui envoie ses snipers tirer tous les vendredis contre les enfants désarmés de la marche du retour à Gaza. Un divertissement qui se respecte ne se joue pas en terre d’apartheid. Nous ne l’aurions pas accepté pour l’Afrique du Sud, nous ne l’accepterons pas pour Israël. »