La visite officielle du chancelier allemand en Israël la semaine dernière a offert l’occasion de voir la honte européenne et allemande s’exposer au grand jour, sous les yeux du monde entier.
Se tenant aux côtés de Benyamin Netanyahou, pourtant sous le coup de mandats d’arrêt de la Cour pénale internationale auxquels le chancelier est censé se conformer, Merz a réaffirmé le soutien indéfectible de l’Allemagne à Israël, un soutien occidental complice d’un génocide et d’une entreprise coloniale meurtrière.
Netanyahou tient sa ligne éradicatrice
Lors de cette conférence de presse, Benyamin Netanyahou a réaffirmé sa ligne : pas d’État palestinien. La phase 1 du plan Trump est quasiment achevée — puisqu’il ne reste qu’un cadavre à récupérer — et la phase 2 doit commencer. Pour lui, elle consiste en la démilitarisation du Hamas et la pacification de Gaza, sur le modèle de l’occupation de l’Allemagne et du Japon après la Seconde Guerre mondiale.
Netanyahou ne retient du plan Trump que les garanties accordées à Israël, sans aucune garantie pour les PalestinienNEs, sinon la perpétuation d’un cessez-le-feu rompu en permanence, simple redéploiement du génocide à plus faible intensité.
Hypocrisie raciste et coloniale
Quelle force peuvent avoir les demandes de Merz lorsqu’il indique qu’il s’oppose à l’annexion de la Cisjordanie, alors que le génocidaire en chef à côté de lui dit exactement l’inverse ? Quel poids peuvent avoir ces paroles, alors que le même chancelier a levé le mini-embargo sur les armes ? Une magnifique hypocrisie raciste et coloniale.
Les dirigeants israéliens peuvent contredire en direct leurs homologues européens : le chef d’état-major a affirmé que la ligne jaune constitue désormais la frontière de facto de Gaza. La moitié du territoire annexé est transformée en zone militaire, vouée à la destruction des habitations et à un remodelage à des fins stratégiques. S’en approcher est passible de mort : trois enfants de 10, 8 et 3 ans en ont déjà été victimes.
En réalité, le plan Trump, censé conduire à un cessez-le-feu, ne visait qu’à redorer l’image d’Israël et à écarter l’attention de la situation générale en Palestine.
La Cisjordanie en proie à une offensive coloniale
Car il n’y a pas que Gaza : la Cisjordanie subit une offensive coloniale majeure. Depuis le début de l’année, Israël a évacué les camps de réfugiéEs de Tulkarem et de Jénine, déplaçant 40 000 personnes qui n’ont nulle part où aller. Les camps sont désormais fermés et interdits aux PalestinienNEs. Les manifestations régulières de PalestinienNEs réclamant le droit de rentrer chez elles et eux, devant les entrées des camps, sont systématiquement réprimées avec violence.
Depuis plusieurs jours, l’offensive touche aussi le nord de la Cisjordanie. Le monde entier a vu les images de soldats israéliens exécutant deux Palestiniens qui obéissaient aux ordres et levaient les mains. Face à l’indignation publique, Israël a annoncé l’ouverture d’une enquête — dont on connaît déjà les résultats — tandis que plusieurs ministres du gouvernement ont défendu les soldats.
Sous couvert de sécurité, cette offensive masque mal une nouvelle extension de la colonisation, selon un schéma éprouvé : multiplication de checkpoints et de points de blocage, construction de routes alternatives et répression dès que les gens se rebellent.
Contre la disparition, soutien à la résistance du peuple palestinien
Encore une fois, il suffit d’écouter responsables politiques, journalistes et personnalités de la société civile pour comprendre que le projet israélien vise le massacre et la disparition du peuple palestinien. L’annexion de larges portions de la Cisjordanie est désormais à l’ordre du jour, et la loi actuellement débattue à la Knesset permettra d’entériner les colonies et de créer une ligne de reconnaissance des implantations illégales, coupant la Cisjordanie en deux. Une perspective que le chancelier allemand avait pourtant exclue lors de cette même conférence de presse…
Les PalestinienNEs se battent pour leur survie dans la totalité de la Palestine occupée. Iels résistent. Comme à Tulkarem ou à Jénine, par une résistance armée mais aussi populaire. Ce week-end, une grève générale était organisée à Hébron/Khalil : tous les commerces et services étaient en grève en réaction à l’assassinat par l’armée israélienne d’un employé municipal tué par une balle prétendument « perdue ».
Nous devons les soutenir. Nous devons faire pression pour qu’aucun chancelier allemand ou président français ne puisse plus cautionner ce projet colonial. Cette visite a été une honte.
Édouard Soulier