Avec 20 000 participantEs, le Front de gauche et des travailleurs (FIT) vient d’organiser le plus grand meeting de l’extrême gauche argentine depuis la fin des années 1980 contre la politique austéritaire de Mauricio Macri...
Il y a un an, le candidat de la droite Mauricio Macri était élu président de l’Argentine, mettant ainsi fin aux 12 ans de gouvernement du couple Kirchner. Ce virage à droite du champ politique fait tendance dans le continent, dans une sorte de retour de bâton des promesses non tenues par les gouvernements dit progressistes. Au Brésil, n’ayant pas pu imposer son programme par les urnes, la droite n’a pas hésité à faire le coup institutionnel qui a destitué la présidente Dilma Roussef.
Des cadeaux pour les patrons… et la bureaucratie syndicale
Cette première année de mandat de Macri a été marquée par un tournant austéritaire et par de nombreuses mesures contre les travailleurEs et les couches populaires : forte dévaluation de la monnaie (avec une perte induite du pouvoir d’achat), cadeaux offerts aux fonds vautours, aux grands propriétaires fonciers et aux patrons de l’industrie, plus de 200 000 licenciements, augmentation des tarifs d’électricité, d’eau et de gaz, etc.
Si ce tournant n’a pas été encore plus violent, c’est qu’un certain rapport de forces s’était installé pendant la période précédente, en particulier dans les secteurs organisés du mouvement ouvrier. C’est pourquoi pour imposer son programme, Macri ne se prive pas de gestes en direction des directions syndicales bureaucratiques afin de s’acheter une trêve sociale : 1,7 milliard de pesos (l’équivalent de plus de 100 millions d’euros) transférés sur les comptes de la CGT argentine au titre de l’aide aux mutuelles gérées par les syndicats...
20 000 personnes contre le capitalisme
C’est dans ce contexte qu’a eu lieu samedi 19 novembre dans un stade de football de Buenos Aires un meeting du FIT regroupant les trois principales organisations trotskistes du pays : le plus grand événement de ce type à l’appel de l’extrême gauche depuis la fin des années 1980.
Ancien candidat du FIT à l’élection présidentielle de 2015, Nicolás del Caño du Parti des travailleurs socialistes a clôturé le meeting. Il a condamné la « caste de politiciens » qui s’enrichit lorsqu’elle est au pouvoir et quand elle gravite au sein de l’administration publique : « Ces gens-là, a-t-il dénoncé, ne savent pas ce que veut dire vivre avec le salaire d’un travailleur ».
« À l’exception des syndicats et de certaines organisations sociales, aucune autre force politique n’a la capacité, en Argentine, d’organiser un meeting aussi massif que celui que nous avons organisé, a poursuivi del Caño, sans avoir recours au clientélisme ni à l’argent de l’État. Tout ceci est extrêmement significatif et installe le FIT comme l’une des forces politiques de première importance au niveau national. »
L’ancien candidat a également appelé à élargir le FIT de façon à le renforcer en tant qu’alternative politique : « Le programme sur lequel nous nous sommes mis d’accord pour appeler à ce meeting devrait être la base pour renforcer le FIT, pour ouvrir la discussion en direction de toutes les organisations qui pourraient être d’accord avec ce programme, sans aucune exclusive. »
Daniela Cobet