Publié le Jeudi 7 avril 2022 à 12h00.

Arrestations massives, brutalités policières, censure en Russie

Le site OVD Info a publié un long document (33 pages) sur la répression des actions contre la guerre en Russie. Ci-dessous des extraits de la traduction du résumé publié sur leur site.

Au cours des deux premières semaines et demie de guerre en Ukraine et de répression des actions de protestation contre elle, 14 906 personnes ont été arrêtées en Russie dans plus d’une centaine de villes. On compte au moins 170 mineurEs parmi les personnes interpellées [le 2 avril, OVD Info indique que 15 392 personnes ont été arrêtées].

« Opération spéciale »

Au moment des arrestations, puis, ensuite, dans les locaux de la police, les agents des forces de l’ordre ont eu recours à la force : des gens ont été poussés à terre, jetés sur les trottoirs, matraqués, étouffés, frappés au ventre, frappés au visage et dans les yeux, on leur a tapé la tête contre les murs, tordu les bras et fait des clefs de bras. De nombreux témoignages en provenance de Saint-Pétersbourg font état de recours à des pistolets à impulsion électrique (taser). À 39 reprises au moins, des personnes ont dû quitter les postes de police en ambulance et être hospitalisées. Les personnes interpellées sont victimes d’actes d’intimidation et de torture de la part des policiers, elles sont accusées de haute trahison, menacées de poursuites pénales pour extrémisme et terrorisme, ou encore menacées de violences sexuelles. Dans les postes de police, on confisque les téléphones portables ; on exige des prévenus qu’ils livrent la liste de ceux de leurs contacts qui sont eux aussi contre l’« opération spéciale » ; sans la moindre justification légale, on relève les empreintes digitales, on photographie, on prélève des échantillons d’ADN et on soumet à des interrogatoires. Les personnes interpellées de nationalité étrangère intéressent tout particulièrement les policiers : elles sont menacées de reconduite à la frontière, soumises à des interrogatoires supplémentaires, menés parfois par des représentants du FSB.

Dispositifs législatifs répressifs

Les arrestations massives lors des manifestations contre la guerre sont menées parallèlement aux procès des personnes interpellées lors des manifestations et de celles qui sont arrêtées après les faits grâce au système de reconnaissance faciale. Le plus souvent, ce dont on accuse les prévenus est la violation des règles d’organisation ou de participation à un événement public, le refus d’obtempérer à un ordre légitime émanant des forces de police, ainsi que le manquement aux restrictions liées au coronavirus. À la date du 11 mars, on recense au moins 7 828 procédures administratives motivées par l’article 20.2 du Code sur les infractions administratives. De même, au 8 mars, on a relevé dans 15 villes au moins l’application contre des manifestantEs du nouvel article « Sur les actions publiques visant à discréditer le recours aux forces armées de la Fédération de Russie pour défendre les intérêts de la Fédération de Russie et de ses citoyens, et pour maintenir la paix et la sécurité internationales ».

Les autorités adoptent de nouvelles lois visant à établir ou à renforcer la responsabilité pour toutes les formes de diffusion d’informations indésirables. Entre autres, des peines ont été introduites contre des personnes diffusant publiquement des informations considérées comme trompeuses sur le recours aux forces armées de la Russie, des informations visant à discréditer le recours aux forces armées de la Russie, notamment par des appels à des actions publiques non déclarées, ou bien des informations appelant à mettre en œuvre des sanctions contre la Russie.

À mesure que se renforce la pression sur les médias indépendants, la propagande prend de nouvelles proportions : des cours spéciaux sont organisés dans les écoles et les établissements d’enseignement supérieur, lors desquels on explique les raisons de l’« opération spéciale » en Ukraine ; on organise des manifestations de soutien à l’armée russe ; des symboles militaristes se multiplient dans les établissements publics ou proches de l’Etat.

Article publié sur le site OVD Info, traduction du russe faite par le site OVD Info.