Nicolás Maduro et le président autoproclamé Juan Guaidó, soutenu par les États-Unis, se livrent un bras de fer autour d’une supposée « aide humanitaire » pendant que le quotidien des VénézuélienEs s’aggrave, semaine après semaine.
Le samedi 23 février a été le théâtre de tensions aux frontières vénézuéliennes, qui ont coûté la vie à deux personnes. D’une part, Juan Guaidó, président autoproclamé, reconnu par les États-Unis et d’autres pays dont la France, souhaite l’arrivée d’une supposée « aide humanitaire ». D’autre part, Nicolás Maduro, président effectif du Venezuela, refuse celle-ci et les ingérences qui en découlent.
Cette « aide » relève davantage de l’opération de communication que d’un acte susceptible de mettre fin aux pénuries d’aliments et de médicaments que subissent les VénézuélienEs. À hauteur d’une centaine de millions de dollars, soit l’équivalent de trois dollars par habitantE, ce pseudo-secours est largement inférieur au panier de nourriture, les CLAP, que le gouvernement distribue de manière irrégulière et clientéliste dans le pays.
L’hypocrisie des États-Unis
Cette pseudo-assistance relève surtout d’une profonde hypocrisie de la part des États-Unis au moment où ils asphyxient financièrement le Venezuela avec des mesures d’ingérence inédites. Malgré les rhétoriques anti-impérialistes, Hugo Chávez puis Nicolás Maduro n’avaient jamais rompu le lien commercial avec les États-Unis, et ces derniers constituaient, jusqu’à il y a quelques semaines, son principal fournisseur et son principal client. L’administration Trump a décidé fin janvier de geler les comptes de CITGO, entreprise vénézuélienne qui a des milliers de stations-service et plusieurs raffineries aux États-Unis et qui constituait la principale source de liquidités pour le Venezuela. Le gouvernement Trump pousse l’abjection en menaçant l’Inde, où le Venezuela avait trouvé un nouveau débouché pour ce pétrole invendu, de représailles. Cette mesure coûte des milliards de dollars à l’État vénézuélien, des dizaines de fois le montant de la pseudo-charité.
Les responsabilités de Maduro
Cela n’excuse pas la responsabilité principale de Nicolás Maduro dans la tragique crise économique qui frappe le pays. Sa complaisance à l’égard du détournement du système de change par des grandes multinationales et par ses amis de la bolibourgeoisie est à l’origine de l’effondrement de la monnaie vénézuélienne et des pénuries d’aliments et de médicaments qui en découlent. L’obstination à nier le désespoir de la population vénézuélienne dont 10 % est allée chercher à l’étranger des conditions de vie plus dignes, relève du cynisme le plus abject.
Tout ce cirque médiatique a pour objectif de poursuivre la cause de Juan Guaidó et Donald Trump, retourner l’armée contre Nicolás Maduro. En emmenant une pseudo « aide » humanitaire à la frontière vénézuélienne, ils accroissent la pression sur l’armée : soit elle refuse l’entrée des convois étatsuniens et elle en subit le coût médiatique et politique auprès d’une population qui en a besoin (même si l’on parle de quantités extrêmement réduites au vu des besoins), soit elle accepte leur entrée et elle s’insubordonne ainsi à Nicolás Maduro, ce qu’espère Guaidó et toutes les chancelleries occidentales depuis un mois.
Rendre la parole au peuple
Dans tous les cas, les uns et les autres s’en remettent aux forces armées pour le devenir du pays, les uns et les autres enfoncent les VénézuélienEs dans des conditions de vie de plus en plus terribles, les uns en privant le pays de ses rares sources de liquidités, les autres en s’avérant incapables de mettre fin aux pénuries et à l’effondrement économique du pays après six ans de récession et plus d’un an de cycle d’hyperinflation. La seule solution d’émancipation consiste à rendre la parole au peuple, à en revenir à des élections générales, transparentes, avec une liberté de candidature, qui ne soient pas organisées par la majorité contre l’opposition, ni par l’opposition contre la majorité. Seule une annulation de la dette et la récupération des milliards volés à l’État vénézuélien par le détournement du système de change peuvent redonner aux VénézuélienEs un peu d’oxygène pour subvenir à leurs besoins les plus élémentaires. Les affidés de Maduro seraient plus lucides en s’engageant dans cette voie plutôt que de censurer le site internet de nos camarades d’Aporrea auxquels nous adressons tout notre soutien.