Dimanche 27 février, le Parti du travail de Belgique (PTB) organisait une manifestation pour dire Basta à l’énergie chère, au blocage des salaires et à une gestion libérale antidémocratique de la crise sanitaire. L’événement Facebook du PTB appelait à être « ensemble dans la rue ». Un appel entendu par la Gauche anticapitaliste / SAP antikapitalisten et publié sur nos sites.
La manifestation a rassemblé autour de 6 000 personnes, membres du PTB ou non : parmi elles et eux, beaucoup de travailleurs et travailleuses, parmi lesquelEs des syndicalistes, des ouvrierEs et des pensionnéEs [retraitéEs]. Nous avons remarqué entre autres un beau groupe derrière leur banderole sur la santé, un bloc féministe et un sur le climat, ou encore des travailleurEs du commerce. Parmi les personnes présentes, de nombreuses précaires, touchées par les crises : personnes malades, souffrant de handicap, etc. La présence des organisations syndicales en tant que telles était limitée à la centrale ACV Pulse (centrale CSC des employéEs néerlandophones).
Une « manifestation du PTB uniquement » ?
La présence de militantEs de la Gauche anticapitaliste a été saluée par de nombreux militantEs venuEs manifester. Nous avons distribué un tract (version raccourcie de notre appel) et discuté des mesures à avancer, des stratégies et de la nécessité de construire des mouvements unitaires.
Nous l’avions dit, il était important que la principale force de gauche du pays prenne une initiative pour remettre les thématiques sociales sur la table. Mettre 6 000 personnes dans la rue n’est pas à la portée de n’importe quelle organisation politique. Ceci dit, plusieurs questions restent sur la forme de la mobilisation et la stratégie mise en œuvre : de façon interpellante, le service d’ordre du PTB a reproduit son attitude autoritaire déjà vue en 2014 à la Protest Parade. Ainsi, notre petit bloc a été tenu à l’écart par un cordon d’une trentaine de stewards, à distance du reste de la manifestation.
Interpellé, le responsable nous a répondu qu’il s’agissait d’une « manifestation du PTB uniquement » (alors que les drapeaux du PC liégeois et de la Jeunesse communiste flottaient, eux, dans la manifestation, à plusieurs dizaines de mètres…), que leur cordon « fermait » la manifestation et que nous devions « rester derrière » : « Nous avons des ordres », a-t-il conclu. Quelques militantEs PTB se sont indignés de cette attitude, sans réaction de la part du responsable. Nous avons néanmoins suivi la manifestation avec entrain et slogans entre autres contre la vie chère, le capitalisme, les discriminations et la guerre de Poutine, animant bon gré mal gré, depuis l’extérieur, une fin de cortège par ailleurs calme.
L’audace de l’ouverture
Plus fondamentalement, la manifestation de dimanche a surtout permis au PTB de compter ses forces dans un rassemblement populaire aux revendications immédiates et de bon sens, bien qu’elles ne ciblent pas la racine des multiples crises provoquées par les convulsions d’un capitalisme toujours plus menaçant pour l’humanité. Mais une question subsiste : le PTB pense-t-il réussir « tout seul », en tant que force politique, à changer le monde, ou même la Belgique ?
Comme nous le disions dans notre appel à manifester le 27 : « [Il] est nécessaire d’offrir des perspectives au-delà des mobilisations ponctuelles et/ou autour d’un seul parti et de faire le lien entre les différentes luttes. Pour cela, le PTB dispose de nombreux relais pour réveiller les syndicats, les organisations les plus massives de la classe travailleuse en Belgique. Les rendez-vous féministes, antiracistes et écologiques du mois de mars fournissent également, à nouveau, des points d’appui en ce sens. Pour sortir l’ensemble de notre classe d’une posture défensive, cela nécessite aussi d’impulser au maximum l’auto-organisation collective par en bas. » L’unité large et plurielle reste une condition indispensable pour ce faire. Aucun service d’ordre ne permettra de contourner cet enjeu. L’audace de l’ouverture, elle, peut contribuer à y répondre.