Publié le Mercredi 14 novembre 2018 à 14h25.

Birmanie/Myanmar : Amnesty International retire un prix à Aung San Suu Kyi

En 2009, Amnesty International avait attribué à l’opposante birmane Aung San Suu Kyi, alors assignée à résidence, le statut d’Ambassadrice de conscience de l’ONG. La « plus prestigieuse distinction » que puisse attribuer Amnesty, qui saluait alors « sa lutte pacifique et non violente pour la démocratie et les droits humains ».

9 ans plus tard, Amnesty a annoncé, le 12 novembre, que ce prix était retiré à Aung San Suu Kyi, devenue depuis lors (en avril 2016), dirigeante du gouvernement de Birmanie/Myanmar. En cause, les « multiples violations des droits humains » que son gouvernement a « activement contribué à commettre ou à perpétuer ». Quelques extraits de la déclaration d’Amnesty : « Durant la violente campagne déchaînée contre les Rohingyas l’an dernier, les forces de sécurité birmanes ont tué des milliers de personnes, violé des femmes et des jeunes filles, détenu et torturé des hommes et des garçons, et réduit en cendres des centaines de maisons et de villages. Plus de 720 000 Rohingyas se sont réfugiés au Bangladesh. Un rapport de l’ONU a demandé que les hauts responsables militaires fassent l’objet d’enquêtes et soient poursuivis pour le crime de génocide. S’il est vrai que le gouvernement civil n’a pas le contrôle sur l’armée, Aung San Suu Kyi et son gouvernement ont soustrait les forces de sécurité à l’obligation de rendre des comptes en réfutant, minimisant ou niant les allégations de violations des droits humains et en entravant les investigations internationales sur ces violations. Son gouvernement a avivé l’hostilité envers les Rohingyas, les qualifiant de "terroristes", les accusant de brûler leurs propres maisons et dénonçant des "viols simulés". […] Son gouvernement n’a pas abrogé les lois répressives – y compris celles qui ont servi à détenir Aung San Suu Kyi et ceux qui ont fait campagne pour la démocratie et les droits fondamentaux. Au contraire, elle a activement défendu le recours à ces lois, en particulier la décision de poursuivre et d’emprisonner deux journalistes de Reuters pour leur reportage sur un massacre commis par l’armée birmane. »

Une décision que nous ne pouvons que saluer.