Pendant les jeux Olympiques, la population brésilienne a été en grande partie occupée par le soutien à ses athlètes...
En dépit des craintes, il n’y eut pas de catastrophe et les journaux n’ont plus abordé la question de la progression des cas de contamination dus au virus Zika. Certes, il y a eu des critiques concernant l’organisation des JO au Brésil, les dépenses et les déplacements de population pour permettre des travaux, mais, excepté le premier jour, il n’y a pas eu de grande manifestation populaire. Les seules manifestations furent celles contre la destitution de Dilma Rousseff et contre le président par intérim Michel Temer, et non contre les JO.
Les plus importantes manifestations ont donc eu pour objet l’opposition à Michel Temer. En raison du protocole, celui-ci a été obligé de participer à l’ouverture des JO... mais il ne voulait pas que sa présence soit annoncée ni même y faire de discours. Il n’a pas pu se dérober et a dû déclarer l’ouverture des Jeux. Il est alors arrivé ce qu’il craignait : il a été copieusement hué. Le Comité olympique a bien tenté d’interdire les pancartes et les tee-shirts portant des inscriptions politiques – comme « Dehors Temer ! » – mais ceux-ci furent finalement autorisés par décision judiciaire.
Une fois les JO terminés, le pays est entré en campagne électorale pour les élections municipales (premier tour le 2 octobre). C’est dans ce contexte qu’a commencé la phase finale du procès de destitution de la présidente Dilma Rousseff. Le vote définitif au Sénat était attendu pour le 29 ou le 30 août et tout indique que la majorité des deux tiers nécessaire pour la destitution de Dilma Rousseff sera atteinte. D’autant plus que, comme le rapporte la presse, le gouvernement par intérim a « convaincu » des sénateurs indécis... en leur attribuant des subventions leur permettant de réaliser leurs projets.
Lâchée par le PT...
On ne s’attend pas à ce qu’il y ait d’importantes manifestations dans les jours qui viennent, même s’il est certain qu’il y aura des protestations. La population suit ces événements avec une certaine indifférence. Des sondages indiquent qu’une majorité de plus de 60 % est favorable à la tenue de nouvelles élections, et ne veut ni de Rousseff ni de Temer. Cependant, cette majorité ne semble pas prête à se mobiliser. Même si plus de la moitié de la population est opposée au gouvernement Temer, le nombre de ceux qui ne veulent pas le retour de Dilma Rousseff est encore plus important.
Dilma Rousseff pensait obtenir le soutien de quelques sénateurs en proposant un référendum en vue de l’organisation de nouvelles élections, mais les probabilités d’y parvenir sont proches de zéro. Même le PT s’oppose à cette proposition. L’argument officiel est que le mandat de Dilma Rousseff est légitime et ne doit pas être écourté, mais tout indique qu’en réalité la majorité du PT a renoncé à lutter sérieusement pour barrer la route au gouvernement Temer. Le PT estime qu’en cas d’élections présidentielles anticipées le résultat serait désastreux pour lui. Il espère qu’en 2018, date prévue pour la prochaine élection présidentielle, son discrédit sera moindre et celui du gouvernement Temer croissant, permettant ainsi à Lula de gagner les élections... Si toutefois celui-ci n’est pas dans l’impossibilité de se présenter à cause des procès en cours pour corruption.
En fait, ce qui préoccupe actuellement le PT, ce sont les élections municipales, car ces dernières années, ses candidats font alliance dans la grande majorité des municipalités avec les partis de droite... y compris avec ceux qui ont demandé la destitution de Dilma Rousseff.
Si Michel Temer est confirmé comme président après la destitution de Dilma Rousseff, il espère, après les élections municipales, faire voter au Congrès ses projets les plus impopulaires. Par conséquent, des luttes et mobilisations de masse contre son gouvernement sont à venir. Le contexte n’est pas facile mais la lutte continue.
De São Paulo, João Machado
(Traduit par E.L. et A.S.)