Les Tchétchènes, comme les autres peuples du Caucase, ont été en butte, à partir du début du 19e siècle, à l’expansion de l’empire russe contre lequel le peuple tchétchène, composé essentiellement de montagnards musulmans, mena une résistance acharnée. Malgré la disproportion des forces, les Tchétchènes mirent en échec à plusieurs reprises les armées russes. La guerre s’acheva en 1864 avec la reddition du cheikh Chamil.
À la veille de la révolution, le pays tchétchène, avec le reste du Caucase du Nord, était « pacifié » et partiellement colonisé par des Russes et des Ukrainiens attirés par un gisement pétrolier. En 1922, les Tchétchènes constituèrent une structure administrative distincte, la Région autonome de Tchétchénie. En 1936, la région fut incorporée dans la République socialiste soviétique autonome de Tchétchénie-Ingouchie.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, en 1942-1943, la république fut partiellement occupée par l’Allemagne nazie et, par nationalisme et rejet du cadre de l’URSS, certains Tchétchènes collaborèrent plus ou moins avec l’Allemagne. Après la guerre, Staline décide de punir l’ensemble du peuple tchétchène : environ 400 000 d’entre eux furent brutalement déportés au Kazakhstan, accusés collectivement d’avoir collaboré avec l’Allemagne nazie. En 1957, sous Khrouchtchev, les Tchétchènes purent revenir dans le Caucase et la « République socialiste soviétique autonome des Tchétchènes-Ingouches » fut rétablie.
En 1991, lors de la dislocation de l’URSS, les Tchétchènes proclamèrent leur indépendance. S’en suivirent deux guerres sanglantes de reconquête menées par la Russie, assistée de supplétifs tchétchènes, avec des méthodes barbares. Cette guerre impitoyable (qui fit au moins 100 000 morts civils sur une population d’1 300 000 personnes) favorisa la montée d’un islam intégriste et amena l’exil de dizaines de milliers de personnes, d’abord vers les autres territoires du Caucase et la Russie puis vers l’Europe occidentale. La référence à l’islam prospéra tant parmi les indépendantistes que parmi les alliés de la Russie. Ceux-ci sont aujourd’hui au pouvoir à Grozny (la guerre s’est terminée en 2005) et l’homme-lige de Poutine Ramzan Kadyrov mène une politique d’islamisation du pays (marquée notamment par la persécution des homosexuelEs).
Poutine utilisa la guerre de Tchétchénie et les attentats qui furent commis sur le territoire russe pour consolider son pouvoir personnel et, en septembre 1999, fit, à propos des indépendantistes tchétchènes, indistinctement qualifiés de terroristes, cette déclaration restée célèbre : « Nous poursuivrons les terroristes partout […]. Si on les prend dans les toilettes, eh bien, excusez-moi, on les butera dans les chiottes. »